Lorsqu'on arpente certains quartiers de la capitale, quand on sillonne le dédale de la ville pour contempler son bâti, quand on se laisse happer par le sentiment qu'offre l'état de décrépitude dans lequel se trouvent certains édifices qui témoignent d'un passé architectural, l'on est saisi, sans ménagement, par le haut-le-cœur. Aussi, par méconnaissance, ou inconscience, d'aucuns s'échinent à desceller les éléments architecturaux au bâti ancien, qu'ils soient d'utilité active ou décorative. Pour corser le tout, il est des pensionnaires qui, mus par l'avidité des espaces et faisant fi de la technique pragmatique, érigent de hideuses constructions, voire des monstruosités, là où l'architecte initial a mis tout son temps et son savoir pour conférer un bel agencement à l'ouvrage, qu'il soit à vocation privée ou publique. Résultat des courses : un pan historique qu'on a réussi à bidonvilliser. Les exemples sont légion à travers nos cités qui invitent à nombre d'interrogations sur le délabrement, le rafistolage, les malfaçons, le manque criant d'entretien et régulier de certains sites… Si on fait l'impasse sur certains quartiers croulants, osons une petite visite dans l'établissement scolaire, ex-Petit-séminaire Saint-Augustin (devenu lycée), juché sur les hauteurs du chef-lieu de la commune de Bologhine. Celui-ci nous édifie sur le degré de délabrement dont pâtit ce site d'enseignement et d'instruction. En lieu et place de ce que furent autrefois, les espaces verdoyants et fleuris, est plantée une concrétion de masures élevées brutalement. L'ancien pensionnaire des années 1960 peut éprouver un serrement au cœur lorsqu'il découvre certains arbres qui répandaient leur ombrage, décimés par nos ‘'bien-pensants''. Que dire du jardin environnant décoloré et livré à son triste sort, sinon un enclos envahi par les herbes folles et des ovins qui y broutent, à l'approche de l'Aid El Adha. Quant à la grande salle qui servait, autrefois, d'animation artistique aux potaches, et certains modules parés, naguère, de leurs atours architecturaux, le décor crie sa peine… Plus bas, dans l'école Salésiennes, devenue CEM Rabia El Adaouia, le patrimoine immobilier décline un spectacle de désolation au regard des ex-écolières qui avaient, dans les années post-indépendance, fréquenté cet établissement. Une virée dans cet espace renseigne sur le désordre généré par les gravats alentour, la laideur de cubes de béton dressés en guise de gîte pour la flopée de ‘'résidants'' – hors ou faisant partie du secteur de l'éducation – agresse les mirettes, sans compter les griffures causées aux éléments (balustrade, encorbellement, faïence…) et autres endroits du site, comme le beau préau de jadis enguirlandé de glycines, que des esprits chagrins ont déglingué. Voire carrément pulvérisé.