Après les sept dossiers portant sur des «marchés non conformes» conclus par la direction de Sider El Hadjar et qui sont actuellement instruits par la brigade économique de la gendarmerie nationale de Annaba, un autre scandale similaire vient d'éclater. Il s'agit, selon nos sources, d'un marché ayant trait à l'importation de six poches tonneaux, destinées au transport, par voie ferrée, de la fonte liquide, depuis le Haut fourneau vers les autres unités de transformation. Elles se sont avérées non conformes par rapport aux équipements du complexe sidérurgique d'El Hadjar, affirment les mêmes sources. D'une valeur de plus de trois millions de dollars, (500 millions DA), ce marché a été conclu en juillet 2016 avec une société chinoise de fabrication des machines lourdes, Dalian Huarui Heavy Industry Co. Group Ltd (DHHI). Préalablement, une équipe d'ingénieurs de Sider El Hadjar a été envoyée en Chine pour constater sur place ces nouveaux équipements qui vont remplacer les vieilles poches tonneaux, en service depuis la mise en service du complexe. Visite concluante puisque les deux parties se sont mises d'accord pour les installer à l'unité ATCx. Au début de l'année 2017, les poches tonneaux chinoises ont été expédiées depuis l'usine de DHHI en plusieurs lots et montées au niveau du complexe d'El Hadjar par des ingénieurs chinois en l'absence des Algériens. L'opération a été achevée en septembre 2017 sous garantie de 12 mois. Cependant, les essais n'étaient pas concluants pour des raisons sécuritaires et techniques. «La vitesse de la rotation pour verser la fonte ou l'acier liquide est très faible. La hauteur des poches ne convient pas avec la distance du versement au niveau des unités de transformation de l'ACO1 et l'ACO2. La dimension des roues n'est pas compatible avec le rail menant aux ateliers de transformation. Ce qui représente un risque certain d'accidents matériels et humains», relèvent des techniciens en sidérurgie à Sider El Hadjar. Pour remédier à la situation, des modifications ont été apportées à ces équipements non conformes pour les adapter avec ceux de Sider El Hadjar, en vain. Actuellement, les six poches tonneaux chinoises sont exposées à la dégradation et leur sort demeure inavoué. Contacté par téléphone et par message, Chemseddine Maatallah, le PDG de Sider El Hadjar, ne répond pas pour donner plus d'éclaircissement sur ce marché et les suites réservées à cet équipement chinois non conforme. On aurait aimé savoir si le cahier de charges de ce marché prévoit cet imprévu et le cas échéant laquelle des deux parties assumera cette situation ? Par ailleurs, les installations du complexe sidérurgique sont dans un état déplorable. Les pannes récurrentes sont le quotidien des sidérurgistes. Il en est ainsi de la PMA dont le même PDG, Maatallah Chemseddine, était le chef de projet avant son ascension fulgurante. Interrogé sur ce problème qui a fait l'objet d'une récente inspection ministérielle, l'un des jeunes employés a expliqué que «lorsque notre PDG était le chef du projet de la PMA en 2015, il avait supervisé la mise en place de deux roues-pelles combinées (Rep 201, Rep 202). Leur rôle est l'alimentation de l'agglomération (AG) n°2 en minerai homogène et bien traité. Il s'est avéré par la suite qu'elles sont non conformes par rapport au sol. Un problème latent qui menace d'un moment à un autre l'arrêt de l'AG n°2 qui, à son tour, provoque l'arrêt du HF 2.» C'est ce qu'est arrivé, durant cette semaine, où le Haut fourneau a été mis à l'arrêt par manque d'approvisionnement en matière première (minerai). Selon des sidérurgistes sur place, «les deux roues-pelles combinées (Rep 201, Rep 202) qui alimentent l'agglomération n°2 en minerai de fer vers le Haut fourneau sont à l'arrêt. Des opérations de maintenance sont engagées pour reprendre l'activité du HF. Reste à savoir si l'entretien obéit à une intervention professionnelle ou à un simple bricolage. La pérennité de l'activité du HF en dépendra.»