«Il n'existe qu'une seule Chine et Taïwan est une part inaliénable du territoire chinois», a déclaré hier le ministère chinois des Affaires étrangères. Les deux dirigeants «ont noté les liens étroits en matière économique, politique et de sécurité entre Taïwan et les Etats-Unis», selon un compte-rendu de l'équipe du prochain locataire de la Maison-Blanche. Or, Washington soutient la politique d'«une seule Chine» qui l'a conduit à interrompre, à la fin des années 1970, ses relations diplomatiques avec Taïwan. L'île est de facto séparée de la Chine depuis 1949. «Le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul légitime. C'est le fondement politique des relations sino-américaines», a rappelé la déclaration du ministère chinois des AE. «Nous enjoignons la partie concernée à respecter» ce principe. Plus tôt, hier, le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi a semblé rejeter la faute sur Taipei. «Ce n'est qu'une basse manœuvre manigancée par Taïwan», a-t-il déclaré sur la chaîne hongkongaise Phoenix TV, affirmant n'attendre «aucune modification» de la politique de Washington. La Maison-Blanche s'est empressée, vendredi, de réaffirmer son «ferme attachement» à une Chine unique. «Il n'y a aucun changement dans notre politique de longue date», a indiqué Emily Horne, porte-parole du Conseil de sécurité nationale. Principe à respecter Partisan du réchauffement entre Pékin et Taipei, le Kuomintang, parti d'opposition taïwanais, s'est inquiété de cette «surprise» diplomatique. Il a demandé à «vérifier si cette conversation était un appel de courtoisie ou signalait un changement de la politique américaine». Face aux critiques, Donald Trump a tweeté : «La présidente de Taïwan m'a téléphoné pour me féliciter de ma victoire à la présidentielle.» Avant d'ajouter plus tard : «Intéressant le fait que les Etats-Unis vendent des milliards de dollars d'équipements militaires à Taïwan mais que je ne devrais pas accepter un appel de félicitations.» Responsables et médias chinois n'attribuent jamais à Tsai Ing-wen le qualificatif de «Présidente», mais l'appellent simplement «dirigeante de Taïwan». Les médias d'Etat chinois, eux, sont restés quasi-muets jusqu'à hier soir sur l'appel controversé, préférant mettre l'accent sur la visite à Pékin de l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger. L' artisan, en 1972, de la visite historique du président américain Richard Nixon en Chine maoïste, est qualifié par Pékin de «vieil ami du peuple chinois» et a été reçu vendredi par le président Xi Jinping.