Réhabiliter l'image de la police algérienne, ternie, ces dernières années, par des agissements individuels de certains agents et responsables véreux, était l'objectif que s'était fixé Ali Tounsi, patron de la DGSN, tué jeudi dans son bureau. D'aucuns estiment que l'Algérie lui reconnaîtra le fait d'avoir œuvré, mais sans beaucoup de succès, à moderniser et moraliser le corps de la police. Fort de ses 160 000 hommes, ce corps sensible a toujours connu des tiraillements, des guerres de clans et une confrontation entre les éléments d'un même service. Ali Tounsi a néanmoins tenté d'opérer des changements qualifiés par certains de positifs, comme il a reconnu certaines lacunes commises par ce corps. En 2005, à la stupéfaction de tous, le patron de cette institution a reconnu devant tout le monde que les services de la police ont élaboré dans le cadre des enquêtes d'habilitation des rapports honteux sur certains cadres de l'Etat. Il a dans ce sens ordonné la destruction de ces rapports et un peu plus de sérieux dans le traitement de ce type de dossiers. En effet, Ali Tounsi a avoué que plusieurs cadres de l'Etat ont été écartés des postes de responsabilité pour lesquels ils ont été proposés, et ce, suite à une enquête d'habilitation basée sur de fausses informations et élaborée par les services de police. Il avait précisé que des cadres de l'Etat ont été injustement victimes de rapports tendancieux pour les marginaliser. Ainsi M. Tounsi avait levé le voile sur une facette hideuse du système policier mis en place par le régime. La fameuse « enquête d'habilitation » a fait des ravages au sein de l'élite intellectuelle et aussi parmi de simples citoyens. C'est Ali Tounsi, le patron de la DGSN, qui l'a déclaré, étayant son propos en ordonnant un autodafé de plusieurs rapports de la honte – essentiellement bâtis sur la délation – et en demandant à ses services d'être à l'avenir plus rigoureux. Il a même, à titre symbolique, organisé un autodafé où des cartons de dossiers de purge dans les rangs des cadres, jugés trop rebelles au goût du système et des hommes qui le composent dans ses différents échelons, ont été livrés aux flammes. Durant son règne à la tête de cette institution, Ali Tounsi a donné, sans aucun complexe, la chance à la gent féminine. Ainsi, il y aurait plus de 11 000 femmes dans le corps de la police algérienne dont 6000 ayant le statut de policière. Elles ont troqué l'habit civil contre l'uniforme. La femme représente près de 8% des effectifs de la police, tous grades et statuts confondus. Un des meilleurs taux sur les plans arabe et africain. Il existe des femmes officiers, inspectrices et agents de l'ordre, et pour la première fois dans les annales, l'une d'elles est promue à la tête d'une école de police. Tounsi a reconnu l'existence chez la femme certaines compétences, notamment celles liées au contact et à l'accueil dans les commissariats, ainsi que dans le travail d'investigation et de recherche. Le recrutement des femmes dans le corps de la police, disait-il, se fait sur la base des compétences et aptitudes. Par ailleurs, s'agissant du volet portant modernisation de ce corps, faut-il le rappeler, en 2006, Ali Tounsi avait parlé de la promulgation du statut particulier des policiers, longtemps attendu par ce corps. Ce statut réglerait en grande partie leurs problèmes des salaires et du statut familial et exigera beaucoup plus des agents de la police en termes de servitude et de sacrifice. Ali Tounsi avait annoncé à l'époque la promulgation de deux textes de lois pour consacrer définitivement le travail de la police scientifique dans les affaires de justice. Ces deux nouvelles lois obligeraient les juges à accepter les expertises des laboratoires techniques et scientifiques de la Sûreté nationale effectuées dans les départements de la balistique (IBIS), de l'empreinte digitale (AFIS) et de l'ADN. Seulement sur le terrain, la situation des éléments du corps de la police n'a pas vraiment changé sur le plan social.