C'est la décision prise par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, sous la forme d'une note adressée à tous les doyens et recteurs des universités. C'est une décision qui a surpris des syndicalistes et bon nombre d'enseignants. «C'est une aberration», nous a déclaré, d'emblée, Abdelmalek Azzi, président du bureau national, issu de l'élection nationale de janvier 2017. «Nous sommes surpris. C'est une décision insensée, il s'agit d'une organisation syndicale, ce qui n'est pas du ressort du ministère de l'Enseignement supérieur», a-t-il poursuivi. Et à lui d'estimer que le ministre n'a aucunement le droit de geler le syndicat et d'insister sur la poursuite de ses activités. Le bureau national CNES, présidé par Abdelmalek Azzi, par la voix de ce dernier, a donc pris acte de la décision du ministre Tahar Hadjar, mais va passer outre. «Nous allons mobiliser nos adhérents et continuer notre travail syndical», dira-t-il. A préciser que le CNES depuis janvier 2017 est devenu un syndicat à deux têtes. Il existe actuellement deux bureaux nationaux et chacun brandit sa légitimité dans la représentation des enseignants des universités et centres universitaires du pays. En décembre 2016, Constantine a organisé un congrès pour élire le bureau national. Selon les informations en notre possession, il y a eu la participation des délégués de l'université Constantine 1, Constantine 3, université islamique Emir Abdelkader,Tlemcen et Médéa. A l'issue, il y a eu l'élection de Abdelhafid Milat en tant que président du bureau national. Contesté par l'université Constantine 2, Alger, Béjaïa, pour ne citer que celles- là, cette instance dirigeante du CNES a été supplantée par une autre, installée en début du mois de janvier 2017. Nous avons contacté M. Milat pour quelques éclaircissements sur cette situation, mais nous n'avons reçu aucune réponse de sa part. Sur sa page facebook, il a posté des photos du congrès de Constantine, accompagnées de commentaires et d'articles de presse, qui consacrent la légitimité de son élection. Pour Abdelmalek Azzi, qui dénie naturellement toute légitimité à cette aile.«Le seul bureau national légitime est le nôtre, celui issu du congrès d'Alger. Nous avons réussi à réunir 28 sections, plus cinq en tant qu'observatrices». Comment peut-on en arriver là ? L'université algérienne a du mal à fédérer l'ensemble de ses enseignants sous une même bannière syndicale. Mais l'histoire du CNES est jalonnée d'épisodes de désunion. Il a été par plusieurs fois bicéphale. Depuis son installation en 1996, le syndicat de l'enseignement supérieur est passé par des périodes d'activité intense suivies par des périodes de léthargie, voire d'inertie. Le remettre sur scelle et le relancer a toujours été soumis à la volonté et la capacité de mobilisation de quelques éléments. Il y a eu quelques réussites et des droits arrachés, comme certains ratés. «Beaucoup ont jeté le tablier, après avoir obtenu un logement», nous a confié une enseignante, ancienne membre de la section CNES de Constantine. Et de justifier que l'exercice syndical à l'université se heurte à d'innombrables difficultés administratives et humaines quand bien même il s'agit du temple du savoir et d'intellectuels. Aujourd'hui que le gel de ce conseil est prononcé par le ministère de tutelle, le travail syndical au sein des universités sera forcément mis en veille puisque l'Administration, recteurs et doyens, seront dans l'obligation d'appliquer la réglementation, nous a-t-on précisé.