En perspective d'un mouvement de grève, les deux ailes du Conseil national de l'enseignement supérieur (Cnes), lesquelles renouent avec les revendications socioprofessionnelles, se livrent une véritable guerre de communiqués, sur fond de contestation de légitimité. L'appel à la tenue d'un congrès extraordinaire «réunificateur» lancé par l'aile Milat, pour «rassembler les rangs de la communauté universitaire et mettre de côté les différends au profit des revendications de ses droits», n'a pas trouvé écho auprès de l'aile Azzi. «Il n'y a pas deux Cnes, nous sommes la seule représentation légitime», a asséné Abdelmalek Azzi, joint par téléphone. L'enseignant à l'université de Béjaïa est le coordinateur du Cnes, issu du congrès d'Alger du 17 janvier 2017. «L'élection de notre bureau s'est faite en présence de 28 sections nationales et de 14 sur les 15 membres du bureau sortant. Notre légitimité ne souffre d'aucune ambiguïté», a-t-il expliqué. Le gel dont a été frappé le syndicat, initié par le département de Tahar Hadjar, il y a 15 mois est à ses yeux nul est non avenu : «Un courrier émis par le chef de cabinet du ministre n'a pas d'effet exécutoire sur un syndicat.» Si ce propos est partagé par son rival, Abdelhafid Milat, coordinateur du Cnes issu du congrès de Constantine du 9 décembre 2016, il n'en demeure pas mois que le fossé entre les deux ailes est bel et bien profond. En premier lieu, la revendication de la légitimité que Milat réclame aussi pour sa part et l'affirme à coups de documents, dont celui de l'agrément. Le rapprochement auquel aspire ce dernier pour paralyser les campus dans le cas où les revendications, entre autres, la revalorisation salariale et le logement, ne sont pas prises en compte par la tutelle, n'aura pas lieu, selon Abdelmalek Azzi. «Aucun congrès n'est prévu, dans cette crise, il y a ceux qui profitent de la situation pour créer une confusion», a-t-il affirmé. D'ailleurs dans un communiqué rendu public, il a mis en garde les enseignants contre «les rumeurs malveillantes» distillées par l'autre aile, à laquelle il dénie toute légitimité, en affirmant ne pas fermer les portes du dialogue. «Concernant la réunification, c'est le conseil national qui décidera», a-t-il indiqué. A propos du recours à un débrayage, notre interlocuteur, qui n'a pas écarté cette éventualité, se réfère toutefois aux principes de concertation. «Nous avons élaboré une plateforme revendicative qui sera soumise cette semaine à la tutelle. Quant à l'option contestataire, c'est à l'issue de la consultation des enseignants que la démarche à suivre sera prise.» Reste à scruter la réaction du MESRS, qui en théorie n'a pas de partenaire social depuis qu'il a gelé les activités du syndicat du supérieur.