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«Les partis algériens ne sont ni de droite, ni de gauche, ni du centre…»
Publié dans El Watan le 10 - 05 - 2017

– Quelles leçons politiques peut-on tirer des élections législatives du 4 mai ?
Elections, c'est beaucoup dire. En effet, en plus de la fraude et du traditionnel bourrage des urnes, il y a eu plutôt une répartition de quotas de sièges au profit de diverses clientèles, y compris celles se prévalant de l'opposition. Autant dire qu'il n'y a pas eu d'élection. Dans ce contexte, la prétendue opposition est passée à la trappe, le pouvoir estimant sans doute qu'elle n'était plus d'aucune utilité pour lui. Jusqu'ici, le pouvoir a toujours pris soin de se ménager une opposition maison pour servir d'alibi démocratique vis-à-vis de l'étranger.
Aujourd'hui, il semble qu'il n'en a plus besoin. D'ailleurs, l'humour algérien l'a bien compris qui distingue subtilement opposition du régime et opposition au régime. Il faut reconnaître que le pouvoir est passé maître dans la fabrication de résultats fictifs, à tel point qu'il est en mesure de produire des chiffres tout à fait vraisemblables, appuyés par des PV «authentiques».
La première leçon que l'on peut tirer de ces prétendues élections est que la prochaine Assemblée, à l'instar de celles l'ayant précédée, ne peut être une Assemblée représentative, puisque sa composition émane de la volonté du pouvoir et non de celle des électeurs. La deuxième leçon est que cette Assemblée ne fait que consolider le statu quo.
En général, les élections sont un moyen pacifique d'obtenir le changement, sauf en Algérie où l'assemblée sert de caisse de résonance au pouvoir. De fait, l'APN, depuis sa création, n'a jamais servi à concrétiser une alternance. Depuis l'indépendance, c'est toujours le même personnel politique, parfois très âgé, qui occupe le devant de la scène à tour de rôle.
– Les scrutins se suivent et les partis politiques mobilisent moins ; est-ce seulement de la faute du pouvoir ?
Nous sommes dans un régime national-populiste autoritaire où, par définition, il n'y a pas d'espace politique. Le vrai pouvoir est entre les mains de l'armée, des services et de la Présidence. Les partis, quels qu'ils soient, y compris FLN et RND, n'ont aucune prise sur le pouvoir réel. Ils n'ont qu'une fonction de propagande et de mobilisation au service du pouvoir réel.
Ils ne servent donc qu'à conforter le statu quo. En échange de quoi, certains de leurs membres, parmi les plus dociles, bénéficient de privilèges matériels et parfois de postes de responsabilité, mais à condition qu'ils ne décident de rien. Même les ministres et les chefs des partis du pouvoir n'ont pas le droit de faire de la politique et se contentent d'encenser les tenants du pouvoir et leur soi-disant programme.
– Qu'est-ce qui caractérise les partis politiques algériens d'aujourd'hui ?
Les partis politiques algériens ont vu le jour sous le signe de l'ambiguïté. Au lendemain d'Octobre 1988, de nombreux partis ont été créés sur le modèle du FLN, souvent à l'initiative du pouvoir et avec les moyens de l'Etat. Mais une multitude de partis uniques n'est pas synonyme de pluralisme politique. Le pluralisme politique n'a de sens que s'il est le reflet du pluralisme existant au sein de la société. Et c'est là tout le problème. La société algérienne baigne depuis «l'indépendance dans un discours national-populiste»(*) qui empêche la diversité de se cristalliser et de s'exprimer.
Dans le discours national-populiste, la nation est considérée comme un tout homogène d'où le conflit est absent. Les citoyens sont réduits à une masse populaire, en lien direct avec un zaïm tout puissant. Dans ce cadre, il n'y a nul besoin de corps intermédiaires (institutions, partis, syndicats…). Cette idéologie est ouvertement anti-intellectuelle et anti-élite d'une manière générale. Le système fonctionne à l'unanimisme et tout citoyen qui aurait un avis contraire est vite taxé de traître à la nation et de hizb frança. Tout écart par rapport à l'unanimisme de façade est attribué à la main étrangère.
Le discours national-populiste qui remonte aux origines du mouvement national est devenu un instrument de pouvoir dont usent et abusent les dirigeants depuis l'indépendance. Ce conditionnement par une propagande omniprésente est un obstacle à l'émergence de la citoyenneté. Cette situation est aggravée par l'économie rentière qui permet au pouvoir d'acheter à bon compte la paix sociale en contrepartie de la confiscation des libertés et d'entretenir des réseaux clientélistes par la corruption. Le discours islamo-populiste n'est qu'une variante du populisme et fonctionne de façon similaire.
Tous les partis algériens, y compris ceux de la mouvance démocratique, sont eux-mêmes victimes de ce conditionnement et reprennent à leur compte le discours national-populiste du régime. Au lieu de s'appuyer sur la diversité inhérente à la société et repérer les intérêts qu'ils pourraient représenter, ils s'adressent au peuple dans sa totalité. De fait, les partis algériens ne sont ni de droite, ni de gauche, ni du centre. Ils servent seulement à glorifier le peuple, relayant en cela le discours officiel.
– S'achemine-t-on vers la fin des partis ?
Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, ils n'ont de parti que le nom. Probablement que tous ces «partis» sont voués à la disparition ou seront dissous si une alternative démocratique voit le jour. Mais ils sont déjà totalement discrédités auprès des citoyens et ne doivent leur survie qu'à la bienveillance du pouvoir.
Vous étiez durant les années 1990 cadre dirigeant de premier plan du FFS. Comment avez-vous vécu cette expérience ? Quand j'ai adhéré au FFS, je croyais naïvement que le Front était l'équivalent algérien du Parti socialiste français. J'ai rapidement déchanté. Certes, les deux situations étaient différentes, mais j'étais loin d'imaginer le gouffre qui séparait un parti de gauche, moderne et démocratique tel que le PS français, de son supposé homologue algérien, pourtant lui aussi membre de l'Internationale socialiste.
Il n'y a pas lieu de développer ici l'analyse approfondie des dysfonctionnements qui minaient et qui minent toujours le FFS et qui ont fait de lui l'appareil insignifiant qu'il est devenu aujourd'hui. Je renvoie les lecteurs intéressés à notre contribution intitulée : «Pour la modernisation du FFS», écrite en octobre 1999, mais toujours d'actualité. Contribution qui m'a valu une exclusion du parti avec les autres signataires du document.
– Vingt-sept ans après l'instauration du pluralisme politique, le pays a abouti à une impasse totale…
J'ai développé plus haut l'idée qu'il n'y avait pas, en réalité, de pluralisme politique du fait de la prégnance du discours national-populiste.
Comment sortir de l'impasse ? J'exclus pour ma part la voie révolutionnaire, car la violence n'accouche jamais de la démocratie et le risque pour le pays est surtout de sombrer dans le chaos, voire la guerre civile et de prêter le flanc à une intervention étrangère.
Je crois personnellement à la possibilité d'un sursaut citoyen pacifique, à condition qu'il soit d'une force suffisante par son ampleur et sa durée pour imposer le changement. Mais ce sursaut ne peut avoir lieu qu'après la sortie des brumes du national-populisme. Sans doute que ce sursaut prendra la forme d'un mouvement citoyen pour la défense des droits de la personne humaine.


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