Après l'Arabie Saoudite où il participera à un sommet arabo-américain, M. Trump devrait se rendre en Israël, puis en Italie. A Riyad, les autorités, empêtrées dans la guerre au Yémen et en Syrie, veulent faire de cette visite un «moment historique» et un signal fort annonçant le «retour à la normale des relations historiques et stratégiques» entre les deux pays. De nombreux contrats dans le domaine de la sécurité et de l'armement devraient être signés à cette occasion, alors que Riyad fait face à l'hégémonie de son voisin iranien avec qui elle est engagée dans une guerre par procuration au Yémen et en Syrie. En consacrant sa première visite à l'étranger à l'Arabie Saoudite, M. Trump veut envoyer un message fort aux pays du Golfe. A savoir que Washington a choisi ses alliés dans la région. L'autre message est destiné à l'Iran. Les Etats-Unis veulent accentuer les pressions sur ce pays, critiqué pour son rôle en Syrie et au Yémen, mais aussi sur son programme nucléaire. Alors que Washington et Téhéran ont connu une relative détente sous l'ère de Barack Obama, l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche a réactivé la politique de l'affrontement idéologique et des sanctions économiques. Mais le soutien américain aux pays du Golfe, notamment l'Arabie Saoudite, a un prix. Donald Trump demandera aux chefs d'Etat arabes d'ouvrir de nouvelles discussions directes avec Israël en vue de parvenir à une solution rapide du problème israélo-palestinien. L'Arabie Saoudite ne semble plus opposée ou gênée par cette demande. Depuis les printemps arabes, ce royaume ne considère plus Israël comme son ennemi principal dans la région. Pour lui, la menace vient plutôt de l'Iran et des groupes militaires (Hezbollah, les milices chiites en Irak, le djihad islamique…) qu'il soutient. Partant du principe que l'ennemi de mon ennemi est mon ami, l'Arabie Saoudite est passée avec armes et bagages dans le camp américain. A l'occasion de cette visite, Donald Trump prononcera un discours sur la religion musulmane, un peu comme ce qu'avait fait M. Obama au Caire. Il louera les efforts que déploie l'Arabie Saoudite pour lutter contre le terrorisme et pour répandre un «islam modéré». Il va appeler à redoubler d'efforts pour lutter contre «les idées extrémistes et obscurantistes» et à mettre les moyens nécessaires pour faire face aux «idéologies terroristes». Par ailleurs, selon le site israélien Debka spécialisé dans le renseignement militaire et l'intelligence, Donald Trump proposera aux pays musulmans sunnites la création d'un «NATO arabe, musulman et sunnite» avec le soutien des Etats-Unis. Le même site a ajouté que l'Iran voit d'un mauvais œil cette proposition. Il craint que ce regroupement militaire sunnite, s'il devait avoir lieu, ne lutte pas en priorité contre l'Etat islamique, mais contre les milices chiites en Irak et au Liban. Israël devrait jouer un rôle dans ce projet et fournira au «NATO arabe» les renseignements nécessaires et stratégiques sur l'Iran et ses succursales militaires. Cependant, l'Administration américaine n'a, pour le moment, jamais évoqué un tel projet. Plus de dix chefs d'Etat arabes, y compris M. Bouteflika, ont été conviés par l'Arabie Saoudite pour participer au sommet arabo-américain de Riyad. Mais personne ne sait si le président algérien, très malade, pourrait aller en Arabie Saoudite ou désignera-t-il un envoyé spécial.