La salve d'attaques et d'accusations qui a visé l'Iran lors de la virée de Trump en Arabie saoudite pourrait bien être les prémices d'une agression contre ce pays. L'Iran semble être devenu dans le discours officiel saoudien l'ennemi principal qui menacerait «le monde arabe et musulman». Les Saoudiens, qui avaient très mal vécu la signature de l'Iran avec les grandes puissances d'un accord sur le nucléaire qui pourrait permettre à Téhéran de revenir sur la scène international après des décennies d'embargo et d'isolement imposées par les Occidentaux, ont vu dans l'avènement de Trump sur la scène politique américaine un espoir alors qu'Obama entreprenait un changement de doctrine qui mettrait en cause les relations très particulières entre les deux pays. Le faste avec lequel a été accueilli Trump, avec sa femme et sa fille, et les contrats mirobolants signés en cette occasion démontrent la disponibilité et la volonté de Riyad d'aller loin avec Washington pour peu que ce dernier endigue la «menace» iranienne. Même Israël, qui occupe toujours les territoires palestiniens, ne semble plus constituer un ennemi pour Riyad. De quoi faire dire à certains analystes que la «normalisation» devrait arriver plus vite que prévu. La visite du tonitruant président américain en Arabie saoudite aura été particulièrement remarquée tant elle intervient dans un contexte régional et international tendu. Mais aussi par son déroulement dans la forme et dans le fond. Les mirobolants contrats signés qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars, du jamais vu dans l'histoire des relations entre les deux pays, auront laissé un sentiment de répulsion lorsque, pas très loin, au Yémen des milliers d'enfants meurent du cholera. Il est à relever que les contrats d'armement paraphés ne donnent pas de supériorité stratégique sur le seul acteur qui vaille pour Washington dans la région : Israël. Cet armement pourrait servir particulièrement au Yémen ou le peuple de ce pays pauvre souffre toujours le martyre à cause d'une guerre imposée de l'extérieur. Les saoudiens semblent avoir «acheté», selon les observateurs, une guerre contre l'Iran et ses alliés dans la région. Le discours attendu de Donald Trump à Riyad, dans ce sommet des Etats musulmans voulu par l'Arabie saoudite, aura été plein de paradoxes, en adéquation avec la personnalité du locataire de la Maison Blanche. Pour Trump l'extrémisme à combattre c'est l'hostilité à Israël et aux Etats-Unis, par contre la modération c'est bien la soumission à ces deux alliés et leur politique dans la région. Trump a accusé l'Iran de vouloir propager la destruction et le chaos, la guerre confessionnelle dans la région, et de constituer le fer de lance dans le soutien au «terrorisme» et ses «milices». Trump a enjoint aux arabes et musulmans de faire la guerre à l'Iran et non pas à Israël. Durant ce sommet pas comme les autres la parole n'a pas été donné au président palestinien Mahmoud Abbas, pourtant faisant parti des «modérés», ce qui dénote de la marginalisation de cette question centrale dans la région. Le nouvel «axe du mal» La salve d'attaques politiques et d'accusations qui ont visé l'Iran lors de la virée de Trump en Arabie saoudite pourrait bien être les prémices d'une agression contre ce pays. L'Iran semble être devenu dans le discours officiel saoudien l'ennemi principal qui menacerait «le monde arabe et musulman». Les saoudiens semblent avoir très mal vécu la signature de l'Iran avec les grandes puissances d'un accord sur le nucléaire qui pourrait permettre à Téhéran de revenir sur la scène internationale après des décennies d'embargo et d'isolement imposées par les Occidentaux. L'avènement de Trump sur la scène politique américaine va redonner de l'espoir à Riyad alors qu'Obama laissait paraitre un changement de doctrine qui mettrait en cause les relations très particulières entre les deux pays. Lorsque durant sa campagne le fantasque Donald Trump avait déclaré que la signature de l'accord sur le nucléaire aura été une «grande erreur» et que s'il venait à accéder à la Maison Blanche il déchirerait ce document, les saoudiens voyaient déjà en lui leur rédempteur. Le faste avec lequel a été accueilli Trump avec sa femme et sa fille confirme la disponibilité et la volonté de Riyad d'aller loin avec Washington pour peu que ce dernier endigue la «menace» iranienne. Même Israël, qui occupe toujours les territoires palestiniens, ne semble plus constituer un ennemi pour Riyad. De quoi faire dire à certains analystes que la «normalisation» devrait arriver plus vite que prévu. Riyad pourrait même faire associer les membres de la Ligue arabes dans un processus bancal avec l'Etat colonial qui fera date. Le fait que le mouvement de résistance libanais Hezbollah, le seul mouvement qui ose encore tenir un discours d'adversité contre les israéliens, ait été qualifié de «terroriste» durant la conférence de presse entre le ministre des Affaires étrangères saoudien et le secrétaire d'Etat américain pourrait être annonciateur du pire. Trump ne s'est guère gêné de qualifier également le parti palestinien Hamas d'organisation terroriste. Cette insistance du président américain pourrait être expliquée par la volonté de «criminaliser» toute résistance à Israël et son système colonial. Mais aussi comme préambule à cette volonté de mise en place d'une «alliance islamique» pour s'occuper de cette mission au profit d'Israël. Il est sûr qu'à Riyad Donald Trump n'a nullement annoncé la lutte contre le terrorisme, qui touche d'abord les pays musulmans, mais bien annoncé une guerre confessionnelle dans le monde musulman. Une guerre dont les victimes, sunnites ou chiites, seront musulmanes et arabes. M. B.