Il fut exceptionnel d'abord, dans son parcours de militant nationaliste qu'il entama, dès l'année 1942, alors qu'il n'avait que 19 ans comme militant de l'organisation clandestine du Parti du peuple algérien (PPA), puis comme responsable du district de Dellys et ses environs. Grâce à sa foi inébranlable en la cause nationale, soutenue par un esprit mobilisateur et organisateur ainsi qu'à la détermination et à l'enthousiasme de sa jeunesse, il a fait de Dellys, dès les premières heures, non seulement un foyer actif du nationalisme, mais aussi une véritable école de formation au patriotisme. Pour cela, il a su tirer profit des ressources que lui offrait, en même temps, la médersa Sidi Ammar de Dellys, sous tutelle de l'Association des Oulémas et la section des SMA dont les valeurs culturelles, religieuses et patriotiques imprégnaient une grande partie de la jeunesse. En fait, il ne s'agissait là, pour lui et ses compagnons, que de perpétuer l'esprit frondeur de Dellys qui a été de tout temps une citadelle de résistance contre l'occupant colonial et, c'est cet esprit, conforté par l'amour du pays qui explique, de toute évidence, l'élan patriotique des jeunes de Dellys, notamment son élite et ses médersiens du lycée franco-musulman d'Alger qui ont rejoint, spontanément et en grand nombre, les maquis de la Révolution algérienne. En réponse aux massacres du 8 Mai 1945, un soulèvement insurrectionnel a été décidé et programmé pour le 23 mai 1945 par la direction du Parti. Mais cette décision a fait l'objet d'un contre-ordre qui n'est pas parvenu à temps au niveau de la région de Dellys, ce qui explique le passage à l'acte des militants non informés de la décision de surseoir au mouvement insurrectionnel de cette journée. La réaction des autorités coloniales et de la police a été alors immédiate, brutale et violente et a abouti au repérage, à l'identification, au recensement et à l'arrestation de tous les militants qui ont participé aux différentes opérations de sabotage et à l'attaque de la caserne «Renault» en ce jour du 23 mai 1945. Hasbellaoui Abdelkader fut lui aussi arrêté lors de ces actions et identifié comme chef de district. Il sera enfermé dans une cellule au niveau des sous-sols de la préfecture d'Alger, où il subira durant son interrogatoire et pendant plusieurs jours les supplices les plus atroces pour lui faire avouer ce qu'il refusait de révéler. Ainsi, après son arrestation qui entraîna le démantèlement de toute l'organisation PPA de Dellys, il sera incarcéré durant des années dans les prisons de Serkadji, Tizi Ouzou et Lambèze. A sa libération, il fut expulsé et assigné à résidence à El Asnam (Chlef) où il continua jusqu'à l'indépendance et, dans la clandestinité, ses activités de militant nationaliste au service de son pays. L'indépendance de son pays fut pour lui la réalisation d'un rêve, celui du projet d'un Etat libre, maître de son destin, mais aussi un Etat juste et véritablement démocratique et social. Avec la fierté du devoir accompli, il préféra alors se retirer de toute activité politique pour se consacrer uniquement à sa famille, loin du tumulte des affaires et des privilèges qu' il répugnait. Il a vécu le reste de ses jours dans la simplicité et l'anonymat, mais dignement et la conscience tranquille. Il fut également irréprochable et fidèle à ses engagements assumés courageusement à l'égard de ses amis, et notamment de ses compagnons de lutte ou de détention qui ont toujours trouvé auprès de lui la loyauté du patriote sincère et la solidarité du grand militant, totalement dévoué à la cause nationale. Il fut enfin exemplaire dans ses relations avec sa famille, particulièrement avec ses enfants et ses petits-enfants à qui il a donné son affection et son amour sans se départir cependant, à leur égard, de ses responsabilités. Bien avant sa mort, une grande déception l'avait envahi quand il voyait que son pays était encore en décalage par rapport à l'idéal pour lequel il avait combattu toute sa vie. Malgré cela, il gardait toujours l'espoir d'une relève capable de hisser l'Algérie au niveau des pays émergents. Et, c'est avec cette note d'espérance et cette lueur d'espoir qu'il nous a quittés en silence, simplement, accompagné seulement des siens et de quelques fidèles compagnons de route et sans rien demander à quiconque. Dis : «Je ne vous demande aucun salaire. Ce dernier est pour vous. Mon salaire n'incombe qu'à Dieu qui est témoin de toute chose». (Sourate Saba). Aujourd'hui, que tous ceux qui ont connu et apprécié cet homme aient pour lui une pieuse pensée.