Le vote de confiance largement favorable aux 20 nouveaux membres du gouvernement (13 ministres et 7 secrétaires d'Etat) montre que les partis de la majorité gouvernementale (Nidaa Tounes, Ennahdha, Afek Tounes, Machrouaa Tounes, Tounes Awalan) et le chef du gouvernement, Youssef Chahed, ont bien préparé cette réunion de l'ARP. Youssef veut éviter le scénario vécu lors du mini-remaniement (2 ministres) du 17 mars dernier, lorsque la confiance n'est passée qu'avec 119 voix, soit juste 8 voix de plus que la majorité de 109 requises pour passer. Pour expliquer ce vote, le président du bloc nationaliste à l'ARP, Mustapha Ben Ahmed, lui aussi favorable au gouvernement, pense que le président Beji Caïd Essebsi a imposé sa loi aux islamistes d'Ennahdha. Ces derniers se sont retrouvés (pour une raison ou une autre ) contraints d'accepter l'équipe imposée par BCE, malgré le fait qu'ils aient exprimé haut et fort leurs souhaits de voir Hedi Mejdoub rester à la tête du ministère de l'Intérieur et que cela n'a pas été respecté. «C'est sûrement la conjoncture internationale défavorable aux islamistes, qui a obligé Ennahdha, 1er bloc à l'ARP, à se plier», surenchère Ben Ahmed, cet ex-dirigeant de Nidaa Tounes, qui a migré à Machrouaa Tounes, avant de créer son propre bloc parlementaire «nationaliste», fidèle au président Beji Caïd Essebsi. Il y avait donc autour de Youssef Chahed les blocs parlementaires d'Ennahdha, Nidaa Tounes, Machrouaa Tounes, Afek Tounes et le bloc nationaliste, en plus de quelques indépendants. Ces blocs pèsent normalement 169 voix. Mais vu l'absentéisme sévissant au Parlement tunisien, ils n'étaient hier que 178 députés présents sur les 217 membres, la majorité n'a réuni que 145 voix (sur les 169 théoriques), les opposants présents étaient une trentaine sur les 48 ne faisant pas partie de la majorité gouvernementale. L'opposition est composée des députés du Front populaire, formation d'extrême gauche (15), et des membres des partis issus du CPR de l'ex-président Moncef Marzouki (7).
Et l'avenir Le remaniement approuvé, l'ordre du jour de la classe politique comporte les enjeux de la relance économique et, surtout, les élections municipales, prévues pour le 17 décembre 2017. Une relance économique incertaine dans les conditions socioéconomiques actuelles de la Tunisie. En plus, la quasi-totalité des partis politiques, à part Ennahdha, demande le report de ces élections. MachrouaaTounes, Afek Tounes, Al Badil Attounsi (Mehdi Jomaâ) et Tounes Awalan ont tenu une conférence de presse mercredi dernier et demandé officiellement le report des élections municipales, faute d'une ISIE prête à cet important rendez-vous électoral et d'un nouveau code des collectivités locales, fidèle à l'introduction du pouvoir local dans la Constitution de 2014. Ces 7 partis ont remis leurs requêtes au président de la République. Pour sa part, dans une Interview publiée mercredi dernier sur le quotidien arabophone Assahafa, le président Béji Caid Essebsi a conditionné la publication par la Présidence de l'appel aux élections municipales, par le choix du président et des membres restants de l'ISIE, ainsi que l'adoption de ce code des collectivités locales. Mission difficile à réaliser dans les 90 jours nous séparant de la date désignée pour les élections municipales. Le report serait attendu dans les jours à venir. L'ISIE statuerait, peut-être dans l'avenir, sur l'impossibilité de la tenue des élections.