Reportée à trois reprises en raison des conditions climatiques défavorables, selon le chef de daïra d'Oran, la démolition de 60 constructions illicites a finalement eu lieu hier matin, à l'orée de la forêt dite « Coca », dans le secteur urbain Bouamama. Un important renfort de gendarmerie a été mobilisé pour cette opération qui ne s'est pas déroulée sans heurts. Les engins démolisseurs de la commune et la brigade antiémeute de la gendarmerie venue veiller à l'exécution de l'opération ont été accueillis par des jets de pierre et des barricades de pneus enflammés au niveau des accès. « Il n'est pas question qu'on nous déloge pour nous mettre à la rue, nous sommes citoyens algériens et avons droit au logement », diront certains protestataires. Les heurts entre les gendarmes et les émeutiers, qui ont commencé aux environs de 9h30, se sont poursuivis jusqu'en milieu de journée, faisant des blessés de part et d'autre. Cependant aucune arrestation n'a été enregistrée, soutiennent nos sources. L'opération de démolition n'a pu donc commencer qu'après que les affrontements eurent cessé. Interrogé à propos du devenir des familles délogées, le chef de daïra d'Oran a expliqué que celles-ci ne sont installées sur les lieux que depuis 3 mois. De ce fait, poursuit en substance notre interlocuteur, elles ne peuvent bénéficier de logements. L'on saura qu'un trafic se pratique sur ces maisons de fortune que certaines familles ont achetées à 40 millions de centimes. La protestation se poursuit à Gdyel Un père de famille aurait fait cette révélation au chef de daïra sans aller jusqu'à dénoncer la personne qui l'a escroqué. Selon le même responsable, « une mafia active dans cette zone et profite de la naïveté des gens. Cependant le mal réside dans le fait que les victimes ne déposent pas plainte ». Notre interlocuteur confiera que d'autres opérations de démolition sont au programme dans le cadre de la lutte contre l'habitat précaire et les constructions illicites. La localité de Gdyel est depuis trois jours marquée par le mécontentement populaire qui a suivi l'affichage d'une liste de bénéficiaires de logements. Hier, une manifestation a été organisée par les protestataires sous l'œil vigilant des services de sécurité. « Nous avons organisé cette manifestation pacifique afin de sensibiliser les autorités locales sur la situation désastreuse que nous vivons au quotidien. En plus de la dégradation du cadre de vie, nous sommes lésés quant à notre droit au logement », déplore une manifestante. Cette dernière nous a montré des rapports établis par la commission de daïra faisant état de la menace d'effondrement que représente sa demeure située au quartier El Hamar. Cela n'a pas suffi à faire figurer son nom sur la liste affichée il y a trois jours. Beaucoup d'entre les manifestants ont déclaré qu'ils n'ont aucune intention de recourir à la force pour faire entendre leur voix, mais ont insisté à dire qu'ils restent déterminés à poursuivre la protestation jusqu'à l'annulation de la liste contestée. B. Linda, R. K.