Le président Caïd Essebsi a également demandé que le nouveau code des communautés locales soit promulgué par l'ARP pour que les élections municipales se déroulent sur la base de la nouvelle Constitution, contenant de nouveaux acquis en matière de pouvoir local. Pourtant, les islamistes d'Ennahdha ont mis de la pression pour garder la date initiale. Mais, le président tunisien n'a pas cédé d'un iota sur ses conditions pour signer l'appel aux électeurs. L'ISIE a été obligée de constater l'absence de l'appel aux électeurs et de reporter l'échéance électorale. La nouvelle date n'a pas été fixée par l'instance, comme le souhaitait le dirigeant d'Ennahdha, Rached Ghannouchi. Le président Caïd Essebsi voulant plutôt que ce soit à l'ISIE complète, dotée d'un nouveau président, que revienne la latitude de fixer la nouvelle date. Ce sera fort probablement le 25 mars 2018, date alternative présentée par l'ancien président de l'ISIE, Chafik Sarsar, au président Béji Caïd Essebsi. Mais rien n'est officiel. Reports à répétition Les municipales étaient prévues pour le 26 mars dernier. Mais c'était sans prendre en considération les différends survenus entre les groupes parlementaires, notamment autour de la question de la parité horizontale ou l'octroi du droit de vote aux forces armées (sécuritaires et militaires). Finalement, ce n'est qu'au mois de janvier 2017 que la loi est adoptée et les élections décidées pour le 17 décembre. Nouveau rebond au mois de mai, avec la démission du président de l'ISIE, Chafik Sarsar, et de deux autres membres de l'instance, ce qui a posé un véritable problème et mis en doute la tenue de cette échéance électorale.Vu l'importance des enjeux politiques en lien avec les élections municipales, de nombreux partis se sont saisis de l'opportunité de ces démissions pour demander le report des municipales. D'autres groupes politiques, croyant probablement qu'Ennahdha serait en mesure d'imposer la date choisie, ont nuancé leurs propos et appelé timidement à maintenir la date du 17 décembre, sans en être vraiment convaincus. Plusieurs partis ont, eux-aussi, parlé de la nécessité de combler les vacances au sein de l'Instance, pour justifier leur attachement au report. Huit partis politiques ont tenu une conférence de presse et estimé que les conditions nécessaires pour la tenue de ces élections municipales ne sont pas remplies. Les huit partis trouvaient par ailleurs inacceptable qu'un conseil municipal élu puisse être dissous par un simple arrêté du ministre de l'Intérieur ou du gouverneur de la région, en vertu de la loi de 1975, faute d'un nouveau code des collectivités locales, imprégné par la Constitution de 2014. Manque de sérénité Du côté de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), les choses sont loin d'être au beau fixe, bien que les membres affichent toute la sérénité requise. Déjà pour le poste de président, sept membres (sur les neuf qui composent l'ISIE) se sont portés candidats. «Heureusement que c'est l'Assemblée des représentants du peuple qui élit le président de l'ISIE à la majorité absolue de 109 voix, pas entre les membres de l'ISIE. Sinon, cela aurait des conséquences graves», constate le député du Front populaire, Mongi Rahoui. Le quotidien El Watan a contacté Nabil Bafoun, membre de l'ISIE depuis 2011. Il dispose de grandes chances pour être élu à la tête de l'instance. Si les rumeurs se confirment lors du vote d'aujourd'hui, Nidaa Tounes et Ennahdha sont d'accord pour le soutenir. Pour Bafoun, «l'instance est prête, techniquement et logistiquement, pour la tenue des élections municipales. Concernant le nombre des inscrits sur les registres électoraux, il a atteint les deux tiers de la totalité des électeurs, un taux respectable correspondant aux normes internationales, d'autant plus que l'opération est volontaire». Nabil Bafoun a, en outre, estimé que le report des élections, pourrait accroître le taux d'abstention, soulignant que les partis politiques ne se sont pas assez mobilisés pour les municipales. Le président du bloc nationaliste à l'ARP, Mustapha Ben Ahmed, pense que «l'importance de l'ISIE aux yeux de la classe politique n'est plus ce qu'elle était juste après la chute de Ben Ali en 2011, quand tout le monde, notamment les grands partis, Ennahdha en tête, voulait d'une ISIE forte et crédible, pour légitimer le pouvoir des vainqueurs». Par contre, le député regrette que ce ne soit plus le cas aujourd'hui. «L'ISIE est plutôt un terrain de tiraillements au sein de la classe politique», constate-t-il.