Parti pour se présenter dans pas moins de 700 circonscriptions électorales, Talaie El Houriyet ne sera finalement présent — et encore : le verdict final n'est pas encore tombé — que dans 41 communes et 12 wilayas. C'est ce qu'ont affirmé hier deux membres de la direction du parti de Ali Benflis, lors d'un point de presse organisé à Aïn Allah. Ahmed Adimi et Azouz Nasri, respectivement porte-parole et membre du bureau politique chargé de la gestion de l'opération électorale du parti, ont expliqué avec précision ce qu'ils ont qualifié de scalp dont ont été victimes les listes de Talaie El Houriyet. Selon Azouz Nasri, «chaque étape de l'opération électorale a été un écueil et autant de barrages pour empêcher les candidatures du parti». Ayant une maîtrise parfaite des questions juridiques en sa qualité d'ancien président de la Cour suprême, M. Nasri a passé au crible tous les manquements, les dérèglements et les dépassements orchestrés par l'administration qui a lancé l'opération électorale sans support réglementaire pendant 18 jours. Ce n'est qu'après, a-t-il affirmé, que quatre décrets et deux circulaires promulguées par le ministère de l'Intérieur ont été publiés. Talaie El Houriyet n'a pas pu déposer plusieurs listes, indiquera le conférencier, qui a mis en cause les «écueils insurmontables de la collecte des signatures». L'ancien président de la Cour suprême, qui assure que tout a été échafaudé pour mettre hors course le parti de Ali Benflis, a révélé qu'«en plus de la pièce d'identité et la carte de vote qu'on exige de celui qui donne son parrainage, l'administration demande également à l'officier public de vérifier si le nom du signataire figure dans le fichier électoral dont il ne dispose pas». Pas seulement, «l'administration qui avait au départ interdit la double signature alors qu'il existe deux listes, une pour l'APW et une autre pour l'APC, a fini par l'autoriser après une protestation du parti, mais avec 11 jours de retard». Ahmed Adimi a parlé de dépassements dangereux. On savait, dit-il, que l'administration n'allait pas nous faire de cadeaux, mais là, s'indigne-t-il, «ils ont été plus loin que nous le pensions». Ce dont a été victime le parti a dépassé tout entendement, peste le porte-parole de Talaie El Houriyet, avant que son collègue du bureau politique donne des détails. Azouz Nasri a indiqué que des listes de candidature ont été rejetées pour des motifs farfelus, comme quoi des candidats n'avaient pas mentionné la date de leur départ à la retraite. D'autres ont été, selon lui, empêchés de se présenter aux élections «au motif qu'ils constituent un danger pour l'ordre public». Pourtant, a-t-il expliqué, «ces mêmes personnes jouissent de toutes leurs libertés, possèdent un passeport, voyagent, elles n'ont jamais été convoquées par la police». «Comment peuvent-elles constituer un danger pour l'ordre public ?» s'interroge Azouz Nasri, avant que le porte-parole du parti réplique en soutenant que c'est la qualité d'opposant qui est considérée par l'administration comme menaçante et dangereuse. Le régime en place voit bien qu'il est difficile de frauder quand il s'agit d'une élection locale, donc il procédé à la fraude en amont, c'est-à-dire en éliminant les listes du parti. C'est pour cela, expliquent les responsables de la direction de Talaie El Houriyet, que des listes entières ont été disqualifiées dans plusieurs wilayas, à l'instar de Mechria, Souk Ahras, Blida, Tipasa et bien d'autres circonscriptions. A Blida, soutient M. Nasri, le parti a collecté 5068 signatures déposées au niveau de la wilaya. 1513 ont été acceptées, 1065 ont été rejetées, et l'on ne connaît pas le sort des 2490 restantes. Pourtant 2350 parrainages auraient suffi pour faire valider sa liste, précise l'ancien président de la Cour suprême qui évoque un écueil, comme cette histoire de formulaires confectionnés en langue arabe qu'il fait transcrire en langue française avant de les introduire dans la fiche informatique, un CD-ROM qu'on ne peut ouvrir qu'en désactivant l'antivirus. «Mais quel que soit le nombre de listes qui vont être validées même une seule, nous irons jusqu'au bout», assure toutefois le responsable des élections locales à Talaie El Houriyet.