Toute la tchitchi d'Alger la connaît. Ou au moins, a entendu parler d'elle. Consultante en management, Lamia Boudoudou n'a pourtant rien d'une working girl. Son style, ce serait plutôt bobo-baba cool, jean et piercing. Née à Bab El Oued il y a trente-cinq ans, cette jeune entrepreneuse a quitté l'Algérie à l'âge de 18 mois. En 2006, elle décide de revenir au pays qui l'a vu naître et d'apporter sa pierre à l'édifice. Pari fou ? Pas si sûr. Diplômée en management de l'université de Grenoble, elle revient d'une carrière… de manager dans la restauration rapide ! Chez Quick plus exactement. Un boulot contraignant mais qu'elle assume parfaitement durant dix ans. « Et puis un jour, je me suis sentie victime de discrimination, confie-t-elle. J'étais si déçue que j'ai décidé de rentrer en Algérie. Je savais qu'ici, on ne me verrait pas comme une Beur mais comme une Algérienne... » Avec son CV, elle trouve rapidement du travail chez Hippopotamus, la chaîne de restaurants nouvellement installée. « On m'a même proposé des postes qui n'avaient aucun rapport avec mes compétences, tout ça parce que j'avais des diplômes français ! », se souvient-elle en souriant. Mais quel lien entre une côte de bœuf et le Ladies business club, sa petite boîte ? « Parmi les clients, j'ai constaté qu'il y avait de plus en plus de femmes actives, explique-t-elle. Et là, l'idée a germé. J'ai pensé à créer une structure qui permettrait à toutes ces femmes de se réunir et d'échanger des bons plans. » Grâce aux adhésions, à la publicité, à la facturation d'événementiels, la petite entreprise fait son chemin. Et vient juste de fêter son premier anniversaire. Le point fort de Lamia : la communication. Si vous faites partie du cœur de cible des ladies – médecin, publicitaire, chef d'entreprise… – pas un jour ne passe sans que vous ne receviez dans votre boîte aux lettres Facebook un petit mot de Lamia qui vous invite, selon, à une séance cinéma, à des soldes improvisées, à des troc entre nanas, à des soirées au resto… Celle qui autodéclare son réseau « premier réseau d'affaires en Algérie » alimente aussi un site internet avec les infos adéquates : forme, bien-être, mode, cuisine… Satisfaite du chemin déjà parcouru, Lamia ne compte pas s'arrêter. Après le Ladies business club, bientôt le Young business club ! « Une deuxième structure est en route. Nous nous intéressons de près aux jeunes actifs (étudiants, travailleurs, créatifs…), annonce-t-elle. Nous voulons les aider à trouver des loisirs, à se faire connaître, etc. » Malin, quand on sait que ce nouveau public représente… 70% de la population. « En Algérie, il n'y a presque rien et les concepts de management, marketing sont encore très nouveaux, résume-t-elle. Ceux qui se lancent maintenant ont donc plus de chances de réussir... »