«L'indisponibilité concerne une bonne douzaine de médicaments, dont certains sont absents des étagères depuis plus d'une année. Par le biais de notre représentation syndicale, nous avons saisi à plusieurs reprises notre autorité de tutelle pour l'alerter sur ces pénuries à répétition, mais le retour d'écoute se fait toujours attendre», nous confie un pharmacien d'Akbou. Le gérant d'une autre pharmacie de la ville souligne que pratiquement toutes les catégories de médicaments et des classes pharmaceutiques émargent sur cette liste des produits manquants. «S'il s'agissait de médicaments de confort, le problème serait sans doute passé inaperçu. Mais là, on a affaire à des spécialités incluses dans les schémas thérapeutiques mis en place par les médecins traitants, pour juguler des maladies chroniques», déclare-t-il. Des antibiotiques aux contraceptifs, en passant par les anti-inflammatoires et les corticoïdes, autant de spécialités essentielles qui manquent à l'appel, apprend-on. «Si l'on prend l'exemple des contraceptifs, la pénurie, puis la rupture sont allées s'amplifiant. En l'espace de quelques mois, nous sommes passés de deux à cinq médicaments indisponibles. C'est le cas pour les Minidril, Marvelon, Cerazet ou encore Excluton. Parfois, on nous livre de si petites quantités, qu'elles sont vendues en un rien de temps», dira un pharmacien de Seddouk. Un pharmacien d'El Kseur signale la rupture de certaines marques d'insuline, les vitamines D et B12, ainsi que Deconase, indiqué pour traiter les allergies. «La liste est encore longue. On y trouve aussi bien des médicaments d'importation que ceux de fabrication locale», affirme-t-il. Les pharmaciens interrogés sont unanimes : ces ruptures récurrentes d'approvisionnement sont la résultante directe de la désorganisation du marché du médicament. La responsabilité, pense-t-on, serait partagée entre les sociétés d'importation, de fabrication et de stockage, lesquelles ne respecteraient pas toutes leurs engagements. Pour se tirer de la mauvaise passe, certains pharmaciens avouent s'approvisionner auprès du marché parallèle. Des médicaments vendus sans vignettes et qui ont emprunté des circuits détournés, avant de choir sur les étagères des officines. Les malades dont l'affection requiert un traitement permanent et au long cours se retrouvent ainsi pris au piège et lourdement pénalisés. «Mon médecin me prescrivait Loxen. Depuis un certain temps, il est devenu introuvable. Même les médicaments de substitution se font de plus en plus rares», se plaint un hypertendu de Tazmalt. «Il faut faire le tour de toutes les pharmacies, sans être sûr de trouver ses médicaments. Dans le meilleur des cas, il manque un ou deux à l'appel. C'est injuste et à la limite absurde de faire payer aux malades la mauvaise gestion du marché du médicament», clame à brûle-pourpoint un malade de Sidi Aïch.