Jouer de la musique symphonique sur scène est également un show. Lundi soir, à l'Opéra d'Alger Boualem Bessaïh, l'Orchestre symphonique tunisien en a donné la preuve. Mené par le maestro Hafed Mekni, l'orchestre a interprété dans une salle plongée dans le noir les bandes originales de plusieurs films et séries. Le ciné-concert a donné une autre profondeur au 9 ème Festival international de musique symphonique d'Alger qui se déroule depuis le 14 octobre jusqu'à ce soir mercredi. Le ciné concert est une tendance actuelle dans l'univers de la grande musique à travers le monde. Appuyé par des projections sur écran, l'orchestre tunisien a interprété des musiques, devenues célèbres, comme celle de « El Rissala », « Pirate des Caraïbes », « Game of thrones », « Titanic », « Une vie de Chien », « Zorba le grec », « Lawrence d'Arabie » « Black swan », « Jurassic park » et… « La panthère rose ». De belles compositions de Newman, Williams, Djawadi, Chaplin, Mancini et Badelt. « Nous nous sommes habitués à des concerts avec un orchestre qui joue sous les lumières d'une manière classique. Là, nous avons offert une autre manière d'écouter de la musique en projetant des images de films qui nous ont accompagné depuis notre jeune âge », a souligné Hafed Mekni. Le ciné concert permet, selon lui, le grand retour du public dans les salles d'opéras. « Comparé à l'Europe, nous avons ici au Maghreb un public jeune. Nous avons donc la chance d'avoir dans les trente ou quarante années à venir un public sûr. Ce n'est pas le cas en Europe où l'on est en train de chercher de nouvelles formes pour faire aimer la musique symphonique», a-t-il relevé. Les compositions du XVIII et XIX siècles sont revisitées sous plusieurs aspects pour attirer les foules.
"Hit the road Jack !" Le CSO Cello Quartet de Turquie a, lui, choisi de « revisiter » un morceau célèbre mais de la galaxie Jazz cette fois, « Hit the road jack » de Percy Mayfield, rendu immortel par Ray Charles. Accrochés à leurs violoncelles comme à un tronc dans une tempête, Yigit Tan, Onur Cenlar, Yaz Irmak et Ibrahim Idudu ont magistralement interprété aussi l'œuvre majeur du serbo-croate Goran Bregovic, « Tango », une composition du répertoire savant turc, « Uzun ince bir yoldayim » de Hassan Niyazi et « Portraits » de l'américain George Gershwin. CSO Cello Quartet fait partie de l'Orchestre symphonique présidentielle de Turquie. « Nous avons formé cet Quartet, il y a dix ans. Nous avons animé plusieurs concerts à travers le monde. En Turquie, les concerts de musique symphonique se font dans des salles pleines. Plusieurs villes ont leurs propres orchestres et leurs propres opéras comme Antalya, Bursa, Izmir, Ankara et Istanbul. Il y a aussi une dizaine d'orchestres privés », a expliquéYigit Tan. Il a parlé de compositeurs trucs, assez nombreux, qui ont enrichi le répertoire mondial de la musique orchestrale par plusieurs œuvres. « Nous essayons à chaque fois de jouer et de mélanger les compositions occidentales et turques », a souligné le musicien.
« Fleurs dans le désert » L'ensemble Grazer Salon Orchestera d'Autriche a, de son côté, présenté en première mondiale, « Fleurs dans le désert », une nouvelle composition de S.Sommer. Une musique méditative où l'on croit écouter un vent léger sur les dunes à la tombée de la nuit. Les cinq musiciens accompagnés de la soprano Shirin Albler ont interprété, avec joie, la valse « Roses du sud » de J.Strauss et « Un air de la reine de la nuit » (extrait de l'opéra « La Flûte enchantée ») de Mozart. « Mozart ? Il représente pour moi l'élégance, la beauté et l'exacte perfection du style. Rien ne peut être comparé à Mozart », a répondu la jeune musicienne Erma Servatius. « Nous sommes ravis de ramener notre culture ici. Nous avons joué à Tipaza (dans les ruines romaines). Et nous savons que les algériens aiment notre musique classique», a-t-elle ajouté. Elle a parlé de ses entraînements quotidiens. « Il n'y a pas de jour qui passe sans violon », a-t-elle confié. Grazer Salon Orchester n'a pas omis de faire un clin d'œil au célèbre pianiste de jazz autrichien Joe Zawinul en reprenant le chant « Le pays des oiseaux ». Lundi soir, le public, nombreux, de l'Opéra d'Alger avait du mal à descendre de son arbre étincelant d'étoiles…à la fin des concerts.