Photo : Riad Par Mekioussa Chekir C'est un Abdelaziz Belkhadem plébiscité, avant l'heure, par les participants au 9e congrès à la tête du Front de libération nationale (FLN) qui a présidé hier les travaux de la seconde journée de ces assises qui se tiennent depuis vendredi à la Coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf. Les 4 640 délégués, représentant la base militante du parti ainsi que les représentants des membres de la communauté algérienne à l'étranger, ont tenu, en effet, à renouveler leur confiance au patron sortant avant même que la procédure officielle d'élection ne soit à l'ordre du jour. Celui qui avait été élu, en 2005, pour un premier mandat à la tête du secrétariat général de l'instance exécutive du parti historique, à l'issue du 8e congrès «réunificateur» a été acclamé depuis le début des travaux pour continuer à diriger le parti. Il faut dire que cette reconduction attendue n'a rien d'événementiel tant Abdelaziz Belkhadem s'est présenté seul à la bataille de sa propre succession, ce qui n'a pas manqué de donner l'impression que tout est ficelé d'avance en l'absence d'enjeux réels. Même les quelques tentatives de «redressement» et d'opposition à la direction actuelle du FLN ont vite fait jusque-là de disparaître avant qu'elles n'aient le temps de prendre de l'ampleur. Si enjeu pour ce 9e congrès il y a, il serait plutôt lié aux modifications que les dirigeants du parti comptent introduire et proposer aux congressistes, à savoir notamment le retour aux anciennes structures que sont le Comité central et le bureau politique, que des militants jugent plus qualitativement représentatives en raison du nombre plus réduit de leur composante. D'autres nouveautés devaient être proposées hier aux congressistes, comme le prolongement à 10 ans d'expérience au lieu de 7 ans pour devenir membre du comité central. La seconde journée de ce 9e congrès a été ainsi consacrée, dans la matinée, à l'adoption du rapport de la commission de validation de qualité de membre, installée dans la soirée de vendredi dernier. Il ressort de ce rapport que sur les 4 640 délégués présents à ces assises, 19% sont des femmes, 39 % ont 30 ans et moins, 68% ont un niveau secondaire et 4% des militants ont un niveau secondaire ou primaire. Il a été également question de l'installation de la commission des candidatures qui définira les conditions que doivent réunir les délégués pour se porter candidats au comité central, dont les membres seront élus, aujourd'hui, dernier jour des travaux. D'autres commissions devaient également être mises en place, dont celle du statut du parti, de politique générale, des relations générales et extérieures, la commission de la Déclaration du 1er Novembre et la commission du programme. Vendredi soir, les rapports des six congrès régionaux du parti ont été présentés lors d'une séance plénière qui a été marquée par l'intervention de l'hôte de marque, Winny Mandela, ex-épouse du célèbre militant Nelson Mandela, qui a tenu rendu un hommage au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour «l'appui indéfectible» qu'il a apporté à l'ANC dans sa lutte contre l'apartheid et ce, du temps où il était ministre des Affaires étrangères. M. C. Abdelhamid Mehri veut lancer «un débat franc» sur la situation du FLN L'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri a, dans une lettre adressée à l'actuel patron du parti, Abdelaziz Belkhadem, appelé à «un débat franc» sur la situation qui caractérise cette formation politique. Après s'être excusé de ne pouvoir répondre à l'invitation d'assister à l'ouverture du 9e congrès, en raison d'un empêchement, Abdelhamid Mehri a estimé que «tous les militants doivent être conviés à ce débat». Et de poursuivre : «J'ai toujours souhaité qu'on discute avec franchise et profondeur les expériences passées, autant celles du FLN que celles du pays depuis l'indépendance. Des expériences relatives au système du pouvoir et de la gestion des affaires publiques. J'aurais pu annuler tous mes engagements si ce débat allait avoir lieu», écrit-il dans sa lettre avant de rappeler dans quelles conditions il a avait été évincé du parti en 1995 pour être remplacé par Boualem Benhamouda : «J'avais été écarté de mon poste de responsabilité dans des conditions que vous connaissez parfaitement autant que la plupart des militants. Je me suis engagé devant le Comité central de tout expliquer. Des congrès ont eu lieu depuis sans permettre l'expression d'une opinion différente, celle qui s'intéresse aux questions de fond», a-t-il ajouté. Aplanir tous les différends hérités du passé est, aux yeux de Mehri, primordial pour revenir au passé est selon lui important «pour pouvoir aborder avec objectivité les questions essentielles qui se posent au pays. Cela permettra d'éclairer le chemin pour trouver des solutions à ces questions à l'ombre des pratiques et des mœurs dégagées par les politiques suivies jusque-là», a-t-il conclu. Outre Mehri, l'ancien président, Ahmed Ben Bella, a également adressé une lettre aux congressistes dans laquelle il a souligné que ce congrès marque la continuité entre les générations.