La valeur de la monnaie nationale s'érode davantage, atteignant des plus bas historiques face aux principales devises : l'euro et le dollar. Hier, à l'ouverture hebdomadaire du marché interbancaire des changes, le dinar enchaînait une nouvelle semaine à la baisse contre l'euro. En effet, la valeur de l'euro est fixée à 133,87 DA à l'achat et à 142,06 DA à la vente ; le dinar touche ainsi un plus bas historique face à la monnaie européenne sur le marché officiel. Il y a une semaine, la valeur de la monnaie unique était de 133,11 DA à l'achat et de 141,28 DA à la vente (cotations de la semaine allant du 19 au 25 novembre). En variation mensuelle, l'euro ne fait que consolider ses gains face à un dinar à l'agonie ; un euro valait 131,88 DA à l'achat et de 139,97 DA à la vente (cotations de la semaine allant du 29 octobre au 4 novembre 2017). Cette tendance de perte de valeur ne date cependant pas d'hier, mais suit une politique d'ajustement monétaire en fonction de l'évolution des fondamentaux de l'économie. La dépréciation du dinar est ainsi nettement plus perceptible, si l'on confronte les cotations de cette semaine aux valeurs d'il y a une année. En effet, il y a une année (du 27 novembre au 3 décembre 2016), la valeur de la monnaie unique était de 115,80 DA à l'achat et de 122,88 DA à la vente. Dans un environnement économique et financier peu propice à une reprise du dinar, sa dépréciation participait d'une tentative d'ajustement face à l'impact du choc externe sur les fondamentaux. Dit plus clairement, l'euro et le dollar tiraient leur épingle d'un jeu de la Banque centrale qui, par le moyen d'une érosion monétaire, tentait d'endiguer l'envolée de la facture des importations et la chute des recettes de la fiscalité pétrolière libellée en dinar. Dans sa dernière note de conjoncture pour le premier semestre 2017, la Banque d'Algérie a levé le voile sur une dépréciation de 3,47% du dinar face au dollar en moyenne semestrielle et de 4,53% vis-à-vis de l'euro. Depuis 2014, la Banque d'Algérie martelait que ses interventions sur ce marché interbancaire des changes s'inscrivaient dans un «objectif stratégique» : celui de réduire l'impact du choc externe sur les fondamentaux de l'économie. Dit autrement, une appréciation du taux de change effectif réel du dinar en cette conjoncture de tensions serait nuisible pour la stabilité macroéconomique à moyen terme, tentait ainsi d'expliquer la Banque centrale dans ses différentes notes de conjoncture. Le dollar, quant à lui, qui avait tendance à gagner en valeur face au dinar depuis juin 2014, a limité ses gains cette semaine, s'échangeant contre 113,10 DA à l'achat et à 120,00 DA à la vente. Il y a une année (du 27 novembre au 3 décembre 2016), la valeur du billet vert était fixée à 109,23 DA à l'achat et à 115,90 DA à la vente. Fin juin 2014, alors que les cours du brut amorçaient un dangereux virage vers la déprime, un dollar valait 78,87 DA en moyenne, contre 87,95 DA à fin décembre de la même année, tandis que l'euro est passé de 107,62 DA à 106,97 DA. C'est dire toute l'ampleur de cette érosion qu'a subie le dinar depuis l'amorce de cette dégringolade des cours pétroliers sur le marché international. A souligner enfin que sur le marché parallèle des changes, déclaré illégal mais toléré par les autorités, l'euro a battu un nouveau record s'échangeant contre 204 DA, alors que la valeur du billet vert est de 170 DA.