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Le gouvernement va-t-il enfin vers un programme d'ajustement structurel interne (PAS)
Publié dans El Watan le 28 - 11 - 2017

Gouverner, c'est prévoir.» Cette formule managériale est bien connue, mais n'a jamais inspiré ceux qui ont présidé aux destinées de l'Algérie qui demeurent confrontés à l'équation difficile : démographie, urbanisation, économie et société.
Et partant, une forte domination des jeunes est en fait beaucoup plus rapide et problématique au plan social en forte croissance. Une préoccupation née de l'absence d'une politique budgétaire nationale de l'économie hors hydrocarbures intégrée aux objectifs du développement économique. En effet, Après plus de 28 ans de libéralisme économique, avec notamment l'avènement des réformes en 1989, la rente pétro-gazière continue à financer le budget général de l'Etat.
Peut-on parler aujourd'hui d'un 1er Novembre économique ? Engager un grand débat national sur la question, puisqu'il s'agit là, de l'avenir de l'Algérie et de celui de ses enfants. En effet, l'Algérie est désormais face à une crise économique et financière structurelle qui va en s'aggravant depuis la chute drastique des prix du baril de pétrole qui n'est pas près de s'arrêter à moyen terme.
La transition économique de l'Algérie sera-t-elle enfin enclenchée aujourd'hui, car le pays est désormais face à une crise économique et budgétaire structurelle du fait que la relation entre le contribuable, l'entreprise, le citoyen et l'Etat est de type rentier. Cette situation n'augure rien de bon à l'heure où l'actualité braque ses feux sur le recours au financement interne dit non conventionnel par la création de la monnaie (planche à billets) traduisant une situation préoccupante pour soutenir à moyen terme (5 ans) les besoins financiers du trésor public. Cette fameuse phrase, lancée aux députés par le premier ministre Ahmed Ouyahia, lors de la présentation du plan d'action au parlement «l'Algérie vit l'enfer, nous n'avions pas de quoi payer les salaires de novembre» si la planche à billets ne commence pas à tourner avant novembre. Dès lors, la vraie question qui se pose est : «L'argent remplace-t-il l'effort ?»
Il est bon de clarifier ce que l'on entend par politique budgétaire. Sommairement, faire de la politique budgétaire, c'est donc simplement renforcer ses stratégies à moyen et long termes qui s'imposent pour la bonne gestion et le bon emploi des fonds publics, concernant tous les domaines de l'action publique. Mais aussi et surtout le gage de bonne politique économique, financière et fiscale, moteur essentiel du développement national et par laquelle on peut utiliser son poids ou son influence pour agir sur les politiques publiques, sur l'économie et en corriger les distorsions.
Le principe comptable d'équilibre budgétaire n'a plus le même sens du principe d'équilibre budgétaire au sens économique. Autrement dit, comment rendre le système budgétaire performant et efficace au plan économique, c'est-à-dire la mobilisation des ressources publiques par la fiscalité ordinaire (agents économiques et ménages) comme un levier économique stratégique au service de la valorisation des ressources territoriales, car la rentabilité d'un projet est avant tout liée aux critères économiques et financiers. Et enfin, elle est le résultat de la situation économique, financière et sociale d'un pays.
C'est sans doute là le plus gros chantier de réformes qui attend le gouvernement algérien, pour un nouvel ordre budgétaire et un nouvel ordre économique, car les tensions budgétaires dépassant le cadre strictement monétaire. Il s'agit là d'une situation des plus préoccupantes, car l'Algérie a échoué à passer d'une économie de rente à une économie de marché, le recours au financement interne non conventionnel risque d'être problématique, sachant que le modèle budgétaire adopté par l'Algérie n'a pas permis, l'identification et l'analyse d'une politique budgétaire adéquate aux politiques de développement aux plans industriel et agricole.
En effet, l'économie macro-financier ou budgétaire donne au gouvernement les moyens de ses politiques économique, budgétaire, monétaire et fiscale pour diminuer la dépense publique et augmenter la ressource publique par le jeu du marché des capitaux, notamment il faudrait constituer un montage financier dans lequel participent les bailleurs de fonds, les banques, les sociétés et autres dans la réalisation des investissements publics ayant le caractère commercial faits jusqu'ici sur la dépense publique. Le principe d'équilibre budgétaire, devenu principe d'équilibre économique pour permettre au gouvernement de dépenser l'argent public de façon judicieuse et de faire donc un bon usage des finances publiques. Cela pour créer de nouvelles forces productives et de nouvelles capacités de création de richesses et d'emplois. La confiance sous-entend la compétence.
Globalement, la politique budgétaire en Algérie n'est pas encore adaptée à l'économie de marché et fonde encore sa démarche sur le secteur des hydrocarbures occupant toujours un poids important dans l'économie nationale : 98% de ses revenus, 60% de son budget et 45% de son PIB, et important près de 75% de nos besoins, le taux d'intégration dans nos entreprises industrielles ne dépassant pas les 15%, le taux des dépenses budgétaires actuellement est de 54% environ du PIB, l'assiette fiscale qui s'avère très petite(moins de contribuables) et des déficits budgétaires atteignant des seuils supérieurs comparativement à la norme européenne qui est de 3% du PIB. Ainsi, rien n'a autant ruiné l'économie nationale que l'accroissement du prix du baril de pétrole sur les marchés mondiaux qui n'est pas en fait une création de richesses ou encore c'est l'économie du pays.
C'est la plus grande difficulté et l'une des grandes faiblesses de l'Algérie à surmonter aujourd'hui dans la perspective souhaitable d'assurer la sécurité alimentaire et l'emploi pour répondre aux besoins de la population en croissance constante où l'Algérie comptera près de 50 millions d'habitants en 2024.
A ce sujet, «l'économie de marché» doit être au service des intérêts stratégiques d'un pays et préserve les intérêts du trésor pour permettre à l'Etat de dépenser l'argent public de façon judicieuse et de faire donc un bon usage des finances publiques au profit de la collectivité nationale. En effet, tous les pays ayant atteint un haut niveau de développement, à l'instar des pays développés et émergents, ont reconnu la nécessité et l'intérêt grandissant d'une économie de marché. Mais nous avons besoin d'un droit privé fiable (codes de commerce et civil) pour quantifier l'économie de marché.
L'économie n'est pas un simple slogan qu'on scande, mais l'économie a ses règles, ses spécificités et code de conduite signifie entre autres : l'économie est la science de la rationalité des décisions, de régulation et d'une manière générale, l'ordre économique, commercial et financier. Nos députés, à mon humble avis, n'ont pas fait relation de leur pouvoir universel de législateur dans l'enceinte économique du pays pour réorienter la politique économique ou la redéfinition de la stratégie budgétaire pour mieux développer et donner la primauté de la fiscalité ordinaire sur la fiscalité pétrolière en faveur d'une meilleure efficacité et gestion économique des finances publiques dans le souci de réaménager l'organisation de l'Etat, pour planifier l'étape de l'après-pétrole, tant ils continuent à débattre et à adopter les budgets comme instrument exclusif de la relance de la demande publique et d'exécution de la dépense dans un cycle d'expansion monétaire accru.
Contrairement à la politique budgétaire suivie dans les années 1970 où l'épargne publique utilisée pour l'équipement et les investissements productifs et la fiscalité ordinaire couvrait la totalité des dépenses de fonctionnement. Un parc industriel, qui couvre l'ensemble du champ de l'activité de production, dont notamment, l'industrie mécanique, l'électronique, pétrochimique, sidérurgie, chimique, électrique, matériaux de construction, BTPH, agro-industriel, métallurgie, pharmaceutique… fruit d'une politique industrielle des années 1970 qui recèle encore à notre humble avis un atout majeur dans le pacte de croissance économique, voire un avantage comparatif pour s'assurer d'une place dans l'espace africain.
En effet, dans le grand hémicycle du boulevard Zirout Youcef où siège l'Assemblée populaire nationale (APN), les partis politiques adoptent plus une politique de culture du pouvoir qu' une politique de culture d'Etat-nation. Ainsi n'assument pas leur devoir envers le pays et la société en vrais militants et concepteurs de la question nationale puisque nous avons raté notre développement économique créateur de richesses et d'emplois pérennes, car après 28 ans d'ouverture, l'économie algérienne est demeurée fortement subventionnée, étatiste et structurellement importatrice. Dans leurs interventions, se font à chaque fois l'écho des préoccupations des citoyens et des difficultés auxquelles ils sont quotidiennement confrontés.
C'est bien, c'est bien, mais chercher à connaître les raisons d'ordre économique qui surgissent et bloquent la croissance économique, la création de la richesse et de l'emploi, c'est encore mieux et vital pour le pays. En clair, si l'on fait carrière dans la politique, c'est bien dans l'économie que l'on se fait un nom et une célébrité.
Mais malheureusement, la politique budgétaire en Algérie se traduit par une intervention excessive de l'Etat dans les activités économiques et une réglementation excessive aux enjeux rentiers.
En effet, un lourd coût social de la crise est d'autant plus grand pour l'Etat qui continue à être le principal acteur économique en tirant la croissance par la dépense publique, et ce, dans tous les secteurs. Ce qui a mis notre pays dans de graves difficultés financières puisque 90%, du financement de l'économie nationale provient des fonds de la rente via les banques publiques et le trésor dont fondamentalement la mobilisation économique souffre de management et de stratégies d'entreprise.
Alors que l'évolution n'est plus liée au marché national mais aux performances économiques de l'entreprise et de sa capacité à exporter. En effet, les députés sont réputés pour être, en général les représentants de la nation dont la plupart ne semble pas au diapason d'une rénovation profonde des pratiques économiques et politiques génératrices de nouveaux styles d'action, d'anticipation, d'analyse, puisque le choix des candidats continu à être réduit de gens compétents et honnêtes qui contribuaient à améliorer l'environnement dans le nouveau monde d'aujourd'hui et redresser l'économie de l'Algérie fondée sur la rente pétro-gazière. Le diplôme aujourd'hui ne suffit plus, car avoir un diplôme ne veut pas forcément dire avoir une compétence ou un savoir-faire.
Alors, que peu de place fut accordée à l'une des grandes forces de la nation, à savoir la mobilisation des élites intellectuelles, scientifiques et des cadres qui ont du potentiel, sont le grand levier à actionner aujourd'hui pour s'inscrire dans une stratégie mondiale à l'heure actuelle où l'on parle tant d'une économie hors hydrocarbures. C'est pourquoi, face à tout abus dans ce domaine pouvant provoquer davantage la montée des tensions sociales et la démission de la société civile de la vie politique. Une conjoncture difficile marquée par une crise budgétaire croissante, notamment par une forte baisse de revenus pétroliers (– 60%) aggravant fortement une balance commerciale déjà déficitaire et marquée par l'épuisement de l'épargne publique au niveau du fonds de régulation des recettes (FRR), qui n'a pas empêché le gouvernement à beaucoup miser encore une fois sur l'élaboration des recettes et des dépenses budgétaires du pays en liaison avec l'évolution du prix du baril de pétrole sur les marchés mondiaux et prévoit un déficit public, l'équivalent en dinars de 19 milliards de dollars, soit près de 9% du PIB qui sera couvert par le financement interne (planche à billets) contre plus de 14% pour l'exercice 2016 qui vient aggraver le déficit budgétaire pour la dixième année consécutive.
Ainsi, le projet de loi de finances pour 2018 poursuit la forte croissance des finances publiques et affiche, une dépense globale de 8628 milliards de dinars, le budget d'équipement se chiffrant à 4043,31 milliards de dinars, tant disque le budget de fonctionnement s'élève à 4584 milliards de dinars contre 4591,8 milliards de dinars en 2017, soit une baisse de 7 milliards de dinars. De plus le budget de fonctionnement est supérieur aux recettes fiscales ordinaires. Les transferts sociaux sont budgétisés à hauteur de 1760 milliards de dinars (soit une hausse de 8%).
Les recettes globales sont de l'ordre de 6521 milliards de dinars dont les ressources de la fiscalité ordinaires représentent de 3688,68 milliards de dinars. Les choses n'ont pas tellement changé dans la structure budgétaire, notamment n'a pas empêché le gouvernement tout de même de porter à bout de bras l'économie nationale malgré la crise financière.
Toutefois, l'Algérie a accompli, il faut reconnaître, d'importantes réalisations qui ont amélioré le niveau des Algériens ont vu le jour dans le pays, telles que des programmes d'habitat, le métro, les autoroutes, les barrages, les stations de dessalement d'eau de mer, l'installation de conduites de gaz, d'eau potable dans des zones déshéritées, écoles, lycées, universités, hôpitaux…
En effet, l'économie algérienne demeure très peu diversifiée avec un secteur industriel douloureux moins de 5% du PIB et un taux d'intégration de 15% qui reste relativement très faible, et principalement constituée de 91% de personnes physiques dans les activités services et de commerces et seulement 9% en tant que personnes morales (sociétés). En outre, notre économie demeure imparfaite et petite et l'Etat ne profite que très peu de ses entreprises au vu des défis qui attendent l'Algérie.
La faible performance de la fiscalité ordinaire restant avec une part contributive de près de 43% dans la structure budgétaire et qui reste fort dominée par l'impôt sur le revenu des salariés par contre les revenus non salariaux et les contribuables privés sont bien loin de leurs capacités contributives. Selon les statistiques fournies, l'Impôt sur le revenu global (IRG) sur les salaires a représenté 26% des recettes fiscales par contre près de 16% pour l'impôt sur les bénéfices des entreprises (IBS), qui demeure très faible puisque dont 80% est récolté auprès des entreprises étrangères installées en Algérie. En somme la fiscalité ordinaire du pays, soit autour de 21% du PIB, qui s'avère très peu rentable pour le budget de la nation. L'Algérie doit-elle mettre en place aujourd'hui une nouvelle politique fiscale ?
Le secteur de l'agriculture emploie près de 20% de la population active de l'Algérie et contribue à hauteur de 10% au PIB permettant de satisfaire les besoins du pays à 70%.
Si ce n'était le soutien de L'Etat, sous forme de financement, d'exonérations fiscales, de moyens matériels et facilités et aides énormes, le secteur n'aurait pas pu réaliser l'autosuffisance alimentaire. Le tourisme est quasi inexistant en Algérie. Hormis les hydrocarbures, l'Algérie n'exporte presque rien, car elle ne produit pas assez, dont la facture des importations est dramatique puisque l'Algérie importe près de 75% de ses besoins et davantage financée par les réserves de change provenant de l'exportation des hydrocarbures. Les revenus hors hydrocarbures sont donc dérisoires, moins de 60% de la population est bancarisée, la dépréciation de la valeur du dinar continue, le marché informel qui contrôle. Un secteur informel important contrôle 50% de la consommation du marché et près de 30% de la masse monétaire en circulation, selon les estimations et qui contrôle aujourd'hui un peu plus de 45% du marché de la consommation dont pas moins de 40 000 importateurs activent dans le commerce d'importation sans que ces derniers assurent de revenus en devises au pays.
Il y a lieu de s'inquiéter aujourd'hui de nos capacités managériales, industrielles, agricoles et touristiques à l'heure où notre pays aura besoin de pas moins de 2 millions d'entreprises de taille PME/PMI et une croissance à deux chiffres, afin de compenser les effets de cette crise énergétique et répondre aux besoins en emploi estimés à près de 600 000 emplois nouveaux par an pour maintenir le taux de chômage actuel estimé à près de 11%.
En effet, l'équilibre budgétaire de l'Algérie impose aujourd'hui un baril de près de 90 dollars, alors que ce prix est impossible à approcher à moyen terme. Le capital humain, la richesse de demain, est encore un objectif lointain et l'appel aux compétences se fait de moins en moins. Selon les statistiques, près de 260 000 de nos cerveaux et cadres de haut niveau auraient, en effet, quitté le pays depuis le début des années 1980, pour s'installer à l'étranger. Pendant que les pays dits aujourd'hui émergents ont misé sur les technologies et le développement de l'homme, des valeurs du travail et de l'intelligentsia «le meilleur investissement de l'avenir». Il faut savoir que la force productive doit reposer nécessairement sur les travailleurs, les entreprises et l'émergence des élites, les investisseurs les vrais concepteurs du développement économique et d'une classe moyenne en général.
C'est tout l'enjeu futur afin de garantir à chaque Algérien un emploi et un revenu stable et par conséquent offrir des perspectives ouvertes à l'économie nationale afin d'améliorer le quotidien et les conditions de vie des Algériens.
Sur un autre plan : l'organisation de groupe de sociétés reste plus dans la forme que dans le fond, à savoir un amalgame de sociétés et loin d'exercer les règles et usages de l'économie de marché et en normes comptables internationales, et par ailleurs, le secteur privé, dont on parle beaucoup ces derniers temps, tiré essentiellement par le programme d'investissement, n'est pas encore le facteur-clé de toute dynamique d'investissements, de transfert technologique ou know-how pour développer la capacité de notre économie à être compétitive et bénéficier d'une envergure internationale de production et d'exportation, et enfin, générateur d'impôts pour conforter le budget de la nation. Parce qu'encore une fois, l'économie n'est qu'une stratégie d'entreprise, de marché et de politique financière.
Peut-on se développer économiquement avec un management de type familial et des entreprises avec une faible valeur technologique ? Nos entreprises privées peuvent-elles être éligibles à ouvrir leur capital social en bourse des valeurs ?
C'est là toute la dynamique attendue du secteur privé si vraiment on veut projeter notre pays dans le monde économique d'aujourd'hui.


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