En dépit des milliards injectés à travers les divers programmes pour l'amélioration du cadre de vie, les habitants des quartiers de la capitale des Aurès continuent de vivre le calvaire au quotidien, en raison de l'incivisme des uns et du laxisme d'une municipalité en proie à un marasme chronique depuis son élection en novembre 2007. Batna, connue pour la densité de sa population, avec le statut de quatrième ville du pays, a subi de plein fouet les effets néfastes d'un exode rural massif, notamment durant les deux dernières décennies. Ainsi, une extension urbaine, sauvage et anarchique, a favorisé la multiplication de « favelas », à l'exemple du village El Houmous, Ouled Bechina, à l'ouest, le long de l'évitement ouest, sur toute la périphérie, le quartier Arrar à l'entrée nord, ou encore Lombarkia à l'est, en allant vers Khenchela. A l'exception de l'ancienne ville coloniale, relativement entretenue, aux commodités d'assainissement et de VRD performantes, les quartiers des hauteurs lâchent, à la moindre averse, un véritable déferlement d'eaux boueuses charriées par les oueds, dont deux traversent la ville. L'un fait d'ailleurs l'objet de couverture bétonnée par l'entreprise COSIDER, alors que le délai de réalisation est largement dépassé. Outre ces déferlantes bourbeuses fréquentes en période de pluie, au vu de l'état des chaussées, avec des avaloirs obstrués, quand il en existe, le Tout-Batna semble s'accommoder des désagréments d'un cadre de vie invivable : immondices à travers les rues et ruelles, chaussées éventrées impunément par les pirates des conduites d'AEP, crevasses et nids de poule, trottoirs dépourvus d'arbres d'alignement, circulation automobile rendue impossible par d'interminables travaux et un plan de circulation obsolète... et la liste est longue. Cet état des lieux de la ville avait fait réagir l'actuel wali de Batna, en 2005. En effet, dès son arrivée à la tête de la wilaya, il a initié des opérations pour réhabiliter le cadre de vie de la capitale des Aurès. Mobilisant ses directeurs de l'exécutif, aux côtés des élus de l'époque, la ville a été divisée en 18 secteurs. Quelques opérations volontaristes de nettoyage y ont eu lieu. Hélas, l'absence d'un budget suffisant à l'époque, et l'indifférence des élus conjuguée à l'opportunisme du mouvement associatif, incapable de mobiliser les citoyens, ont fini par avoir raison de l'opération. L'espoir d'un grand lifting a germé avec le programme présidentiel 2004/2005 dès lors que des dizaines de milliards sont venus gonfler l'escarcelle de la DUC et celle de l'APC pour des opérations d'aménagement et d'amélioration urbaine, tant au niveau du chef-lieu de wilaya qu'à celui des autres communes. Des dizaines d'appels d'offres ont paru sur les pages de presse et des attributions de marché ont eu lieu. Cependant, le panorama n'a pas changé en raison du laxisme de l'administration devant les insuffisances des entrepreneurs qui, outre le non-respect des délais, n'ont fait que bâcler les travaux. : remplacement de beaux pavés par d'autres moins qualitatifs, et moins beaux, trottoirs en pierres bleue massacrés au profit de l'hideuse bordure en béton. Quant aux chaussées, il est loin, le temps des servitudes bitumées avec avaloirs pour les eaux pluviales. Ce ne sont aujourd'hui que des pistes aux crevasses, inondées de détritus et de gadoue. Pratiquement tous les quartiers ont été « rechaussés » sauf que le retard conjugué au bâclage a fait que ces actions n'ont été qu'un coup d'épée dans l'eau, au grand désespoir des piétons et automobilistes qui vivent le calvaire au quotidien. Dans cette anarchie totale, le doigt est pointé en direction des élus APC d'abord, et ensuite le mouvement associatif. Ce dernier, composé des associations de quartiers, qui activent lors des élections, pour sombrer ensuite dans la léthargie, est la cible des railleries des citoyens, mal pris en charge par une municipalité élue en 2007 dans les conditions connues de tous. Comme toujours, le dindon de la farce est toujours le pauvre contribuable dont l'argent se volatilise …pour des prunes !