Des médecins se soignent chez Si Lakhdar, le charlatan ! Ils doutent de la science et croient aux recettes d'un ‘pharmacopole'. Vous imaginez… », assène cheikh Bouamrane, président du Haut Conseil islamique (HCI), lors d'une conférence de presse animée, hier à Alger, au siège de cette haute autorité religieuse du pays dépendant de la Présidence. Cette situation, pour le moins déconcertante, est, selon lui, symptomatique de l'état d'esprit de notre société qui baigne dans l'ignorance. Pour lui, « un peuple qui croit aux pouvoirs de Si Lakhdar l'analphabète est un peuple arriéré, sous-développé ». Flegmatique, cheikh Bouamrane appelle à combattre ces pratiques charlatanesques qui maintiennent le peuple dans la régression. « Nous avons marginalisé les sciences exactes, la médecine. Nous nous sommes trop occupés de l'exégèse, de la littérature et de la poésie », relève-t-il, revenant ainsi sur le colloque international qu'organise le HCI à la fin du mois sur le thème de « L'Islam et les sciences rationnelles, entre le passé et le présent ». « Ce colloque nous permettra de débattre des sciences et des maux sociaux », précise-t-il. Le président du HCI veut, à travers ce colloque, redonner aux sciences exactes leur place dans la société. Interrogé sur la polémique au sujet de l'abolition de la peine de mort, cheikh Bouamrane réitère son opposition : « La peine de mort ne peut être abolie en toute circonstance. La sanction est un des fondements de la religion islamique. » Son application relève, précise-t-il, des compétences des tribunaux libres de l'appliquer ou non. La position du HCI est ainsi en contradiction avec celle de Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CCPPDH), autre institution dépendant de la Présidence qui réclame son abolition. « Ces gens ont le droit d'exprimer leur point de vue et leur croyance, mais ils ne doivent pas s'attaquer à l'Islam, aux instances et aux personnalités religieuses », indique-t-il. Vertement critiqué pour sa position par Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs, cheikh Bouamrane refuse de verser dans la polémique, soulignant le rôle du HCI qui est de corriger les fausses interprétations de l'Islam et de répondre à ceux qui lui portent préjudice. Il est des prérogatives du HCI d'exprimer sa position sur la peine de mort, mais il refuse d'entrer dans des considérations politiques. Sur l'intolérance religieuse en Algérie, cheikh Bouamrane atteste que la liberté de culte existe en Algérie. Elle est organisée et contrôlée par l'Etat. « Nous avons, comme tous les Etats, promulgué une loi pour obliger les associations religieuses, musulmanes ou non, à se déclarer et à avoir un statut. » Selon lui, chaque Etat est souverain ; la Suisse interdit les minarets, la France le foulard dans les écoles…