Le secteur industriel public devrait subir une énième réorganisation débarrassée, cette fois-ci des Sociétés de gestion de participation (SGP). Des zones intégrées seront créées dans 5 wilayas-pilotes, à savoir Annaba, Bordj Bou Arréridj, Sétif, Oran et Blida. Le ministre du secteur, Abdelhamid Temmar ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, semble opposer « sa » stratégie industrielle à l'échec cuisant de sa politique de privatisation. Cette nouvelle mutation s'annonce sous le signe de la contradiction et de l'indécision. Après avoir affirmé, début mars, que « la nouvelle orientation du gouvernement en matière d'investissement et de gestion du secteur public n'implique pas la disparition des SGP », M. Temmar se fend d'une déclaration aux antipodes de la première. Hier, le ministre a annoncé clairement la disparition graduelle des Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP) du secteur industriel pour laisser place à des groupes industriels. Intervenant sur les ondes de la Radio publique, le ministre du secteur a indiqué que « de nouvelles sociétés organisées » vont prendre le relais des SGP, appelées désormais à disparaître. Ce processus est déjà mis en branle, ajoute-t-il, en citant, l'exemple de la création un nouveau groupe industriel spécialisé dans la production de ciment et d'autres matériaux de construction pour remplacer la société de gestion des participations SGP-GICA. Des actions similaires toucheront d'autres SGP après « l'identification des entreprises », précise-t-il. La dissolution des SGP s'inscrit dans le cadre du redéploiement sectoriel, l'un des axes de la stratégie industrielle. Cette nouvelle transformation du secteur public illustre, on ne peut plus clair, l'absence de visibilité économique du gouvernement à long terme. De configuration en configuration, le secteur public, pourtant névralgique, n'arrive pas à sortir de l'ornière. Dans l'hypothèse des meilleures performances économiques du pays, le secteur industriel reste tout de même un boulet à la croissance. A rappeler que les SGP étaient créées pour préparer, entre autres, les entreprises publiques à la privatisation, suivre la liquidation des entreprises publiques dissoutes et négocier les opérations de partenariat. Ces objectifs, longtemps encensés, tombent désormais en désuétude. L'invité de la radio continue par ailleurs de s'accrocher à sa politique fétiche de stratégie industrielle, pourtant désavouée publiquement par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Qu'à cela ne tienne. Le ministre de l'Industrie a fait savoir que son projet, dont des actions ont été menées « depuis plus de 2 ans sans que la presse ne soit informée de tout », s'articule autour de plusieurs axes. Il s'agit, selon ses explications, du redéploiement sectoriel des entreprises, de la mobilisation des investissements, de la mise à niveau des entreprises, de la promotion des technologies de l'information et des télécommunications, de la valorisation des ressources humaines et de l'amélioration du système national de qualité. « La stratégie industrielle n'est pas une usine qu'on construit, c'est plutôt un processus qu'on a mis en place », se défend-il en réponse à tous ses détracteurs. Plusieurs secteurs sont concernés, à l'image de l'industrie mécanique, la pharmacie, la pétrochimie, la sidérurgie, l'agroalimentaire et la production de ciment. S'agissant du redéploiement dit « spatial », le ministre a précisé, citant une étude de son département, que 29 wilayas disposent d'un « important » potentiel industriel. A ce propos, il a annoncé la création de zones intégrées dans 5 wilayas pilotes, à savoir Annaba, Bordj Bou Arréridj, Sétif, Oran et Blida. L'objectif, selon lui, est de mettre les entreprises privées, publiques et les administrations en synergie pour constituer une densité du réseau industriel. « Cela fait deux ans qu'on travaille dessus », dira-t-il, en indiquant que ce « modèle » sera élargi à d'autres wilayas, notamment Constantine et Sidi Bel Abbès. Abordant le volet des investissements directs étrangers, le ministre a reconnu sans ambages que les investisseurs étrangers ne se bousculent pas au portillon. « Malheureusement, nous attendons toujours », a-t-il avoué.