Le président du parti de Talaie El Hourryet, Ali Benflis, appelle une nouvelle fois à un «dialogue global pour sortir le pays de la crise». «Nous devons laisser de côté nos divergences pour trouver une issue à nos problèmes», a-t-il réitéré hier lors d'une conférence qu'il animée au siège de son parti à Aïn Allah. L'ancien chef de gouvernement, qui dit respecter toutes les initiatives et les propositions émanant des partis politiques, défend aussi la sienne qu'il ne cesse de formuler depuis plusieurs années déjà. Pour lui, le salut pour le pays passera par l'organisation d'élections libres et ne souffrant d'aucune irrégularité par une commission indépendante. Les partis qui en sortiront, explique Ali Benflis, avec la force de la légitimité constitueront un gouvernement d'union nationale qui rédigera une Constitution qui sera l'émanation de la volonté du peuple. Une période de transition sera organisée selon les termes d'une charte dont l'Armée nationale populaire (ANP) sera garante, a affirmé le président de Talaie El Hourriyet, qui appelle le pouvoir au dialogue. Ali Benflis ne fait, en effet, aucun commentaire sur la proposition portant la mise en place d'une Assemblée constituante de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, et celle concernant un seul candidat de l'opposition en 2019, considérant que c'est d'un dialogue national que jaillira la solution à la crise et à l'impasse politique que vit le pays. «L'opposition ne doit pas baisser les bras. Elle doit demeurer une force de proposition pour amener le pouvoir en place à ouvrir un dialogue inclusif pour une sortie de crise», souligne l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2014 dans sa déclaration liminaire. «Mais pour peser de tout son poids, l'opposition doit laisser de côté ses différences secondaires et se regrouper autour d'une démarche collective, dont la finalité première est de sortir notre pays de la crise dans laquelle il s'enfonce chaque jour davantage», affirme Ali Benflis qui estime que «l'Algérie a encore assez de ressources et de ressorts pour rebondir, pour peu que le pouvoir abandonne ses prétentions illégitimes à la pérennité et engage le dialogue pour remettre notre pays sur les rails». «Un dialogue rassembleur susceptible, en même temps, de renforcer, selon lui, le front intérieur pour soutenir les efforts louables de l'ANP dans sa mission permanente de sauvegarde de l'indépendance nationale et la défense de la souveraineté nationale, de la défense de l'unité et de l'intégrité territoriale de notre pays.» Au sujet de la prochaine élection présidentielle, le président de Talaie El Hourriyet répond que la priorité de l'heure n'est pas tant cette échéance que la situation du pays et les mécanismes qu'il faut mettre en place pour l'en sortir, comme la mise en place d'un processus électoral propre. Ali Benflis, qui considère en tout cas que ce n'est pas le moment de parler de ce sujet, n'a pas manqué d'aborder la situation du front social en ébullition depuis la rentrée. Il a fustigé la manière dont ont été traités les médecins résidents et les enseignants. «C'est honteux, dit-il, de voir les médecins et les enseignants violentés de la sorte». Critiquant le gouvernement d'Ahmed Ouyahia, le choix de la répression au lieu du dialogue avec les syndicats, l'ancien chef de gouvernement affirme que ce n'est pas sa méthode : «Mon éducation a été fondée sur le respect des autres, des enseignants et des médecins.» Ali Benflis a refusé aussi de répondre à Naïma Salhi qui l'a accusé de «trahison». Il a refusé même de citer son nom «par respect à la famille». L'ancien chef de gouvernement a eu aussi l'occasion de s'expliquer sur la loi interdisant les manifestations publiques à Alger, décidée lorsqu'il était aux commandes en 2001. Ali Benflis revient sur cette date en soutenant que c'est lui qui avait autorisé la marche des Archs, «malgré l'état d'urgence qui était toujours en vigueur». Assumant aussi l'interdiction des manifestations publiques à Alger à cause de ce qui s'est passé le 14 juin 2001, avec les infiltrations que l'on sait, l'ancien candidat à la présidentielle de 2014 dénonce le fait que certains entretiennent le doute sur sa responsabilité de l'interdiction des marches dans la capitale. Le président de Talaie El Hourriyet, qui rappelle que cela fait 15 ans qu'il n'est plus aux commandes, affirme avec dérision qu'il n'est quand même pas responsable du maintien d'une mesure provisoire alors qu'il n'est plus au pouvoir.