Elu meilleur boulanger de l'année en France après un concours qui a vu la participation de 141 pays, le Franco-Sénégalais Jibril Bodian n'en revient pas l Agé de 33 ans, sa baguette a reçu les honneurs et se retrouvera, une année durant, sur les tables du palais de l'Elysée. En France, le roi de la baguette est d'origine sénégalaise. Il s'appelle Jibril Bodian. Il gère une boulangerie dans le quartier branché des Abbesses dans le 18e arrondissement de Paris. Il a reçu la semaine dernière le prix de la « meilleure baguette artisanale de Paris ». Une distinction d'autant plus méritée qu'elle intervient dans un contexte politique et social marqué par le débat sur l'identité nationale française et les attaques répétées contre les immigrés et les étrangers vivant dans l'Hexagone. « Odorante, croustillante, gouteuse et parfaitement cuite », d'après les experts qui ont organisé le concours. Honoré après cinq années de participation au concours qui regroupe 141 pays, Jibril Bodian a non seulement gagné en notoriété, mais il est devenu aussi le fournisseur officiel du palais de l'Elysée en pain et ce, durant une année. « C'est la plus belle chose qui passe arriver à un boulanger, raconte une cliente habitant le quartier. Fournir le pain à Carla Bruni et Nicolas Sarkozy quotidiennement ne peut que le rendre célèbre et multiplier son chiffre d'affaires. » A Paris, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de farine. Depuis l'annonce de ce prix, la boulangerie du Franco-Sénégalais ne désemplit plus. Les queues sont devenues interminables. Les gens viennent de tous les quartiers parisiens et même de l'extérieur pour découvrir le fameux produit fabriqué à base d'huile de coude. D'un père boulanger, Jibril a quitté en 1981 son pays natal, le Sénégal, pour s'installer dans la banlieue de Saint-Denis. Agé de 33 ans, le lauréat 2010 se souvient que, jeune, dans la boulangerie de son père, il mettait « le bazar » et dérangeait tout le monde. Il aimait le contact avec la farine, même si la vocation n'est venue que plus tard. Au départ, Jibril voulait être mécanicien et réparer les voitures en panne des copains de la cité, mais le destin et l'influence de son père en ont décidé autrement. « Après le refus de mon père de me lancer dans la mécanique, j'ai donc tout naturellement suivi le chemin de mon grand frère qui était dans la pâtisserie. Après un diplôme de CAP, je me suis orienté deux ans après vers la boulangerie. » Depuis qu'il a reçu le prix de l'excellence, le Franco-Sénégalais est comme sur un nuage.