Ce phénomène est d'autant plus menaçant que la cadence de l'avancement des travaux de gabionnage dans les secteurs vulnérables est lente. Là où vous circulez, de la ville de Médéa jusqu'aux bourgades reculées dans la daïra d'Ouzera, des éboulements de terre sont partout visibles. Rien ne semble pouvoir coller sur le talus ces milliers de tonnes de terre saturée d'eau. Ce phénomène est d'autant plus menaçant que la cadence de l'avancement des travaux de gabionnage dans les secteurs vulnérables est autrement plus lente que la dynamique d'érosion dans cette région à la géologie très instable. De simples citoyens ont affirmé que les départs de terre deviennent de plus en plus fréquents et menaçants. Ils craignent surtout la réduction de la surface des parcelles cultivées. Sur le tronçon dédoublé de la RN1 jouxtant le village de Habs Haoura (3 km du centre-ville de Médéa), les terrains pentus des particuliers et ceux relevant des EAC se détachent par pans entiers, obstruant sur leur passage caniveaux, regards, ouvrages d'évacuation des eaux de pluie… Au moindre événement pluviométrique, les communes touchées par ce phénomène dépêchent quotidiennement leurs ouvriers sur les lieux de ces « débâcles de boue ». Ces actions, « ne servent pratiquent pas à grand-chose du moment que l'on agit en aval de la problématique. Les terres partent alors que nous ne faisons que continuer le processus d'ablation en les évacuant des endroits obstrués », déplore un hydrologue, avant de poursuivre : « Il faut énormément de temps, d' efforts et d'argent pour rétablir les conduites obstruées. Le même phénomène cause aussi l'appauvrissement des terres fertiles en matières organiques. Il faut privilégier les solutions en amont, telles que le boisement des tronçons pentus, ou végéter les talus par des strates herbacées pour augmenter la stabilité des sols. » Sur la nouvelle bifurcation, à partir du village d'El Ghzaghza, en plus des éboulements, les mouvements de terre menacent de mettre hors d'usage le nouveau tronçon de la RN1 qui contourne la ville de Médéa par le nord. A partir du lieudit l'Estrade (commune de Ouzera) et jusqu'au chemin vicinal, plus bas à une centaine de mètres, les effondrements successifs et importants continuent, sous la poussée des mégatonnes de terre. A cet endroit, l'eau coule à fleur de sol après que les couches superficielles eurent glissé, dévoilant ainsi des soubassements saturés d'eau. Dans les champs avoisinants (arbres fruitiers et vignoble), l'activité de ravinement due aux eaux de ruissellement sur des terrains dénudés a creusé des sillons profonds qui tendent à se ramifier en de véritables réseaux de talwegs. La déformation continue de la chaussée, la prolifération des nids-de-poule découragent les propriétaires de véhicules de transport public qui évitent autant que faire se peut de desservir la localité de Ben Haddou, distante de 3 km du chef-lieu de la commune de Ouzera. Les travaux de réhabilitation des deux chemins vicinaux qui desservent toutes les bourgades montagneuses de la partie est de la daïra d'Ouzera, butent déjà sur les écueils de la géologie d'un site caractérisé par une faible couverture végétale et des sols disséqués et ameublis, où on peut remarquer que des aménagements récemment entamés par l'entreprise Cosider, ont été partiellement submergés par la déferlante continue des boues. Après plus de cinq mois depuis le début des travaux, et au vu du constat fait sur place, il semble que la réouverture à la circulation de la route de Boussena reliant les bourgades de l'est d'Ouzera gagnerait à être retardée.