Sur les 55 pays que compte le continent, 44 ont signé le document donnant naissance à cet espace commercial africain «perçu comme essentiel au développement économique de l'Afrique», a annoncé le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki, en conclusion du sommet. Le Nigeria, l'une des premières économies du continent, est le principal pays à s'être abstenu. Le président nigérian, Muhammadu Buhari, avait décidé de ne pas faire le déplacement à Kigali, après avoir accepté de «donner plus de temps aux consultations» dans son pays, où l'accord suscite une certaine opposition. Parmi les autres non-signataires, dont la liste exacte n'a pas été communiquée, on cite notamment l'Erythrée, le Burundi, la Namibie et la Sierra Leone. L'Algérie, représentée par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a signé cet accord et se prépare, à travers les services du ministère du Commerce, à lancer une série de consultation avec les opérateurs économiques du pays, en vue d'entamer les négociations bilatérales prévues dans le cadre de la mise en œuvre de cet accord. L'objectif établi pour une entrée en vigueur de l'accord a été fixé à janvier 2019. Un timing que plusieurs pays jugent trop juste pour accomplir le processus de ratification et régler les questions juridiques en interne, sachant que pour être effectif, l'accord doit être ratifié à l'échelle nationale par les pays signataires. Selon le commissaire de l'UA chargé du Commerce et de l'Industrie, Albert Muchanga, l'Organisation devra organiser un autre sommet en Mauritanie, en juillet prochain, dans l'espoir de convaincre les pays ayant exprimé des réserves. Il est à rappeler qu'en matière d'échanges commerciaux, seulement 16% du commerce des pays africains s'effectuent avec d'autres pays du continent, loin derrière l'Asie (autour de 50%) et l'Europe (près de 70%). L'UA estime que l'élimination progressive des droits de douane entre membres de la Zlec permettra d'augmenter de 60%, d'ici à 2022, le niveau du commerce intra-africain. Selon une étude de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, «la conclusion et la mise en œuvre fructueuses d'un accord sur la zone de libre-échange, complétées par des efforts visant à améliorer les infrastructures liées au commerce et les procédures douanières, ainsi qu'à réduire les frais de transit et autres coûts des échanges, pourraient entraîner une hausse de 52%, soit environ 35 milliards de dollars, du commerce intra-africain d'ici 2022». La mise en place de la Zone de libre-échange constitue l'un des projets phares de l'Agenda 2063 de l'UA, qui avait tracé une nouvelle vision de développement du continent sur les cinq prochaines décennies en s'appuyant sur une croissance inclusive et un développement durable. D'ici 2063, les pays africains ambitionnent d'être parmi les plus performants, en termes de mesures de la qualité de vie dans le monde, grâce à des stratégies de croissance inclusive, la création d'emplois, l'augmentation de la production agricole, des investissements dans la science, la technologie, la recherche et l'innovation, ainsi que la fourniture de services de base.