Le local de réparation des compresseurs, qui le fait vivre sur l'avenue du Maghreb, l'artère principale de la ville, n'est pas un simple magasin comme on aurait tendance à l'imaginer. Du tout ! C'est plutôt une des rares curiosités de Azzaba, puisque rien dans la devanture de ce magasin n'indique la présence d'outillage, de compresseurs et de gaz. Au contraire, en passant près de ces lieux, on est vite attiré par l'extravagance de la vitrine qui, tel un aimant, finira par vous inciter à y faire escale. Une vitrine qui contraste avec l'ensemble des magasins de cette artère et s'en distingue même. En contemplant les multiples objets exposés dans cette devanture, on se croirait aux portes d'un antiquaire, tellement les objets qui s'y trouvent viennent tous d'une autre époque. Un mortier et un lustre en cuivre, un fer à repasser datant des années 1920, un vieux réchaud à gaz, l'un des premiers phares d'automobile, un moulin à café en cuivre de marque Peugeot, une toile de paille séchée… et d'autres curiosités encore, qui représentent un véritable trésor qu'il a accumulé au gré de ses voyages. Même sa demeure n'a pas échappé à cette passion dévorante qui l'habite. On y trouve d'autres antiquités, comme un masque authentique de Tin-Hinane, un piano Gaveau, un phonographe, des sabres de Touareg, des meubles signés, etc. «J'ai toujours été curieux et je traîne cet amour pour ces choses depuis toujours», reconnaît-il dans un français impeccable. Cette passion trouverait également ses sources dans le cursus de formation en mécanique qu'il entamera au cours des années 1950 au centre d'apprentissage à Skikda, avant de rejoindre la France, où il perfectionnera ses aptitudes dans les usines Berliet. A l'indépendance, il travaillera sur les champs de Sonatrach, au sud du pays, qu'il finira par quitter en 1984, pour revenir à sa ville natale et reprendre le magasin familial. Tout au long de ses péripéties professionnelles, il n'arrivera jamais à se défaire de sa passion pour les objets antiques, bien au contraire, il usera de cette opportunité pour enrichir sa collection. Ces objets ne sont cependant pas à vendre. «On m'a maintes fois sollicité, mais j'ai toujours refusé de vendre», précise «Si Tabti», comme on l'appelle ici à Azzaba. Il expliquera qu'il voudrait juste apporter une touche de culture à sa ville. «Le simple fait que les gens continuent de scruter avec curiosité ma vitrine me comble énormément. Cela me permet aussi de leur expliquer le rôle et le fonctionnement de chaque objet», ajoute-t-il avec simplicité. A la bonne heure Si Tabti !