Ils s'y rendront aujourd'hui, dimanche 8 avril, pour la huitième fois depuis la chute du mur de Berlin. Parmi les partis politiques en lice, présentons-en quatre qui s'opposeront. Les traditionnels Parti socialiste (Mszp), complètement discrédité en Hongrie depuis 2006, et le Fidesz (droite conservatrice), présidé par le très controversé Premier ministre, Viktor Orbán. Lequel brigue un troisième mandat consécutif. Deux autres partis, plus récents, joueront le rôle de l'opposition. Le Jobbik, parti à l'origine antisémite et d'extrême droite qui, s'étant vu dépassé par le Fidesz sur ces points, glisse désormais vers le centre et des principes plus démocratiques. Et enfin, le petit dernier, Momentum qui se rapprocherait sur de nombreux points de la République en marche du président français Macron. Les derniers sondages donnent le Fidesz largement gagnant, il caracole loin devant ses adversaires. Le Jobbik se situe en deuxième position avec au maximum 14% d'intentions de votes. Aucun parti à l'heure actuelle, même s'il formait une hypothétique coalition, ne serait en mesure de battre le parti de Viktor Orbán. Face à une opposition divisée, pour ne pas dire morcelée, une seule inconnue, le nombre des abstentions qui pourraient représenter un tiers des électeurs. Si la victoire du Fidesz est une certitude, le doute concerne plutôt sa capacité à conserver une majorité parlementaire des deux tiers. Dans le cas contraire, il devra gouverner en formant une coalition. Toutefois, le risque est mineur et dépendra du nombre de partis qui entreront au Parlement. Car si le chef du gouvernement hongrois depuis 8 ans s'est construit une réputation d'autocrate hors de ses frontières et surtout à l'ouest, dans son pays, il passe, aux yeux de la majorité, pour le protecteur des valeurs nationales avec son slogan préféré «La Hongrie d'abord !». Depuis 2010, Viktor Orban mène une politique de plus en plus autoritaire, démantelant peu à peu l'Etat de droit, passant d'amendements controversés de la Constitution, au musellement de la presse qui lui était hostile. Allant jusqu'à faire fermer, en 2016, un des plus anciens quotidiens, fondé en 1956 juste après la Révolution hongroise, le Népszabadság, sorte d'équivalent du Monde français. Mais le chef du gouvernement hongrois est aussi celui qui a mis en place une politique familiale comme il est difficile d'en trouver ailleurs en Europe. Ce soutien financier aux familles hongroises est évidemment très apprécié et par conséquent efficace. D'une pierre deux coups, il y gagne la fidélité d'un électorat et encourage la natalité dans un pays où elle est historiquement la plus basse d'Europe. Depuis 2015 et l'arrivée massive de migrants par la route des Balkans, le Fidesz a trouvé une magnifique occasion de se présenter comme le défenseur de l'Europe chrétienne envahie par les étrangers, principalement musulmans. Par conséquent, Viktor Orbán s'est fait le chantre d'un Etat illibéral et hostile à l'immigration et aux réfugiés, les utilisant comme bouc émissaire pour justifier sa politique nationaliste. C'est ainsi que le chef du gouvernement hongrois a fait dresser un mur de fer barbelé à la frontière entre son pays et la Serbie au sud, et aurait adressé à Bruxelles 50% de la facture ! N'a-t-il pas déclaré le 18 février lors d'un rassemblement à Budapest : «Aussi absurde que cela puisse paraître, le danger que nous affrontons vient de l'Ouest, des politiciens à Bruxelles, Berlin et Paris.» Membre de l'Union européenne depuis 2004, la Hongrie refuse toutefois de suivre les lignes imposées par Bruxelles. Jouant le rôle de trublion hostile à certaines décisions européennes en refusant, par exemple, d'appliquer les accords de Dublin, Viktor Orbán a pris la tête d'un mouvement de protestation qui prend de plus en plus d'ampleur. Suivi par la Pologne, la République tchèque, l'Italie même, il trace son chemin jusqu'à envisager de sortir du PEE et de créer un nouveau parti au sein de Bruxelles, selon certaines rumeurs.
Par Cécile Vrain Responsable des relations extérieures de l'ESJ de Paris et spécialiste de la Hongrie