Le dépistage précoce de l'autisme demeure la priorité aujourd'hui pour l'amélioration de la prise en charge de cette maladie, a déclaré le Pr Madjid Tabti, chef de service de pédopsychiatrie à l'EHS de Chéraga, à l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, en marge de la rencontre organisée par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, à l'INSP, pour la restitution des travaux du Comité national de l'autisme, installé en juillet 2016. Il estime qu'il est aujourd'hui important de repérer le plus tôt possible les premiers signes des troubles du spectre autistique caractérisant la maladie pour que les enfants soient pris en charge précocement. Pour ce faire, a-t-il souligné, la formation d'un personnel qualifié est plus qu'une urgence, pour pouvoir mener les actions adaptées à la prise en charge, sachant que le nombre de nouveaux cas ne cesse d'augmenter. «C'est dans ce cadre que des sessions de formation ont été organisées au profit d'une cinquantaine de professionnels, à savoir des sages-femmes, des puéricultrices, des orthophonistes et des médecins généralistes dans les wilayas de Tizi Ouzou, Médéa et Alger-Centre, pour le repérage, le dépistage précoce et la prise en charge», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «A titre d'exemple, notre service a accueilli 400 nouveaux cas durant l'année 2016, soit 15 cas par mois. Ce qui nécessite un personnel qualifié et en nombre important.» Une prévalence en nette progression, qui s'explique par l'évolution des critères de diagnostic et la sensibilisation des familles, mais elle demeure tout de même inquiétante, a estimé le Pr Tabti, qui affirme que l'origine de la maladie est multifactorielle, en plus de la prédisposition génétique. «Mais grâce aux méthodes psycho-éducatives ABA ou TEACCH, on peut améliorer les compétences, la communation et l'interraction sociale», signale Dr Mounia Rouichi, assistance au service de pédopsychiatrie de Chéraga, et assurer qu'elles sont aujourd'hui bien maîtrisées par les pédopsychiatres algériens. «Une trentaine d'enfants sont actuellement suivis en hôpital du jour dans notre service, on arrive à améliorer leur quotidien. Il faut savoir que l'autisme n'est pas une maladie, mais un trouble neuro-développemental. C'est pourquoi l'intérêt du diagnostic précoce est une stimulation précoce», a-t-elle indiqué. Et de plaider pour l'ouverture d'autres centres dans les différentes wilayas du pays, pour faire bénéficier tous les enfants d'une prise en charge efficiente vu la demande importante. Le Pr Tabti revient ainsi sur les principales recommandations pour la promotion de l'amélioration de la prise en charge de l'autisme, entre autres, par l'organisation de campagnes de sensibilisation auprès des pédiatres, généralistes, puéricultrices, éducateurs de crèche, l'information, l'orientation et l'accompagnement des parents concernés, dépister le trouble précocement, l'intégration du questionnaire «M-CHAT» au niveau du carnet de santé, la création de centres de diagnostic et d'évaluation, la création de centres de prise en charge, promouvoir des programmes de loisirs, activités sportives (natation, équitation…) et inclusion des enfants autistes émergents en milieu scolaire ordinaire. Il a signalé qu'un projet de décret est en préparation par le secteur de la Solidarité pour faire obligation aussi aux crèches et aux garderies d'accueillir des enfants autistes ou atteints d'autres handicaps.