Les concernés soutiennent qu'ils ont été victimes d'une cabale judiciaire pour avoir dénoncé les agissements de l'avocat conventionné avec la direction du secteur. Les consignes et directives fort louables de Tayeb Louh, ministre de la Justice et garde des Sceaux, au sujet de l'objectivité des juges et l'humanisation de la justice ne sont que rarement appliquées à Souk Ahras. Et ce sont les justiciables les plus vulnérables qui en sont victimes. Au mois de novembre de l'année écoulée, cinq syndicalistes du secteur de l'éducation découvrent par hasard une condamnation par contumace à une peine de six mois de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA infligée à leur encontre par le tribunal de Souk Ahras. Il leur est reproché d'avoir lu en 2016 un communiqué dans lequel ils dénoncent une série de dépassements commis par l'ex-directeur de l'éducation, muté, pour rappel, en détresse vers la wilaya de Jijel par la ministre de tutelle. Eux qui n'ont jamais été saisis par le tribunal de Souk Ahras par le biais d'un huissier de justice qui, selon l'usage, devait leur remettre des convocations datées au jour de leur première audience, ont dû attendre des mois avant de recevoir la décision de justice. Suivra une opposition qui justifiera un deuxième procès, renvoyé à deux reprises avant d'être tenu le 8 du mois en cours. Une audience de près d'une heure où tout le monde s'est rendu compte de l'inconsistance des griefs et de plusieurs vices de forme, à commencer par le vœu manifeste d'enrôler cette affaire à l'insu des concernés, la volonté de considérer en dehors de son caractère syndical et traiter en pénal des individus au lieu d'une entité dûment agréée au niveau du ministère du Travail. Mieux encore, le nouveau directeur de l'éducation, qui a eu vent de la nullité de cette affaire, a adressé à la justice un document dans lequel il est expressément indiqué que la direction se désiste des poursuites judiciaires à l'encontre des syndicalistes en question (copie remise au journal). Mardi dernier, le juge a prononcé le verdict qui est loin de favoriser les victimes de cette cabale judiciaire, qu'ils disent montée par l'avocat conventionné auprès du secteur de l'éducation et le chef du bureau du contentieux de ladite direction. La peine de prison ferme ne pouvant être maintenue, le juge a quand même condamné les syndicalistes à une amende de 50 000 DA chacun. « Nous savions dès le départ que le fait d'avoir dénoncé les agissements de l'avocat conventionné depuis dix longues années avec le secteur de l'éducation et son occupation illégale d'un logement actuellement en sous-location nous coûterait de telles tracasseries à cause de sa proximité des décisions de justice que lui-même étale au grand jour », a déclaré l'un des enseignants. Et un autre d'ajouter : « Aussi minime soit la condamnation nous défendons le principe de l'équité devant la justice et son impartialité prônées par le premier magistrat du pays Abdelaziz Bouteflika et le ministre de la Justice et garde des Sceaux que nous interpellons par cette même occasion ». Un troisième ajoutera : « La célérité avec laquelle la justice a enrôlé cette affaire pour nous condamner par contumace n'est pas la même pour les innombrables affaires de détournement de deniers publics restées pendantes depuis l'année 2013. Sommes-nous une priorité pour ce département submergé par des affaires de droit commun ? » Un appel a été introduit par les syndicalistes et un dossier sera adressé au ministre de la Justice garde des sceaux, selon les déclarations de nos interlocuteurs.