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« Cette loi institue la peur du gendarme et ce n'est pas une solution » Mohamed Azouni. Expert en sécurité routière et président de l'association Tarik Essalama
Quel constat faites-vous de la sécurité routière en Algérie ? Il y a encore beaucoup à faire. Aujourd'hui, les accidents de la route nous coûtent près de 100 milliards de dinars par an. Mais quelques éléments permettent d'être optimistes. En 1985, nous avions 4134 morts pour un million de véhicules. En 2008, 4234 morts pour 5,5 millions de véhicules. Cela prouve que nous avons fait beaucoup de progrès en la matière. Ces chiffres sont d'autant plus encourageants que chaque année sont mises en circulation 250 000 nouvelles voitures, avec le nombre de conducteurs peu expérimentés que cela suppose et les risques qui en découlent. Selon vous, qu'est-ce qui a motivé les autorités à durcir le code de la route ? J'ai la conviction que chaque responsable veut faire des lois pour changer les choses. Mais ce serait une erreur de croire que la multiplication des textes est un remède. Ce ne sont pas les textes qui font le respect, mais la valeur que les gens donnent aux textes. Les psychologues vous le diront, pour qu'un texte soit respecté, il doit être respectable ! Regardez la mesure concernant les cyclistes, elle est absurde ! Nous avons à faire à de nouvelles dispositions qui ne sont pas claires. Il est probable que cette loi conduira à des effets concrets, mais uniquement parce qu'elle institue la peur du gendarme, or ce n'est pas une solution durable. Quels seraient les remèdes, selon vous ? La route est un espace public. Une relation à trois. Il y a les lois, les usagers et les policiers. Chacune des parties doit respecter l'autre. En 2005, le tournant avec le nouveau code de la route a été très bien négocié. Il y a eu une importante campagne de prévention avant l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions et les premiers mois ont connu des résultats positifs, puis les efforts se sont relâchés. Une nouvelle loi, aussi pertinente soit-elle, ne doit pas occulter la valeur de son application et surtout pas son suivi.