Le coût financier des accidents dépasse les 2 000 milliards de centimes. Il y a un véritable problème de circulation, et particulièrement à travers la wilaya d'Alger et les wilayas environnantes, auquel les constructions de voies autoroutières et de rocades contribuent à réduire sensiblement sans les absorber pourtant. Parmi les raisons invoquées ou constatées de visu : les barrages fixes ou impromptus de la gendarmerie ou de la police, bien contraints de filtrer la circulation automobile pour des raisons sécuritaires, à l'intérieur de la ville et forcément dans les voies y donnant accès. Bien contraints aussi de la ralentir. À la division de la sécurité routière de la Gendarmerie nationale, on précise que la division n'est pas qualifiée pour répondre à la question des barrages dits sécuritaires, qui est du ressort des structures de la Gendarmerie chargées de la sécurité. De toute façon, remarque-t-on, il n'y a pas que la Gendarmerie qui est concernée par la question. “On n'applique que les consignes qui relèvent de notre seule structure, des consignes générales élaborées ailleurs. Nous, on n'est qu'une partie de ce dispositif d'ensemble. Mais on n'est pas tout”, comprend-on à travers un entretien à bâtons rompus avec le colonel Megherbi Khelifa, chef de la division, accompagné d'un important staff. Mais, ne peut-on pas faciliter les choses ? Ne serait-ce qu'en ajoutant quelques couloirs de contrôle de la circulation, un ou deux selon les cas, sur les grandes voies, les voies expresses par exemple... “On est en train d'étudier quelques possibilités. Des idées en l'air, pour se préparer, au cas où…. Mais, encore une fois, c'est aux services de sécurité de décider, en dernière instance.” Autrement dit, tout allégement du dispositif ne peut intervenir que sur une évaluation de la situation sécuritaire, générale ou localisée, permettant une telle décision qui, en tout état de cause, n'est pas du ressort de la gendarmerie. C'est clair : la gendarmerie ne peut accomplir ses missions que dans le cadre des textes régissant la circulation et des dispositifs de sécurisation décidés ailleurs. Il n'y a pas d'hésitation possible entre la sécurité de la population et la fluidité de la circulation. Le choix est fait, même si l'on comprend l'impatience des automobilistes. Même si l'on comprend aussi les manques à gagner dans l'appareil économique, en consommation de carburant et en délais de transports très allongés qui rongent sur les horaires de travail ou de sommeil réparateur. C'est un moindre mal, comparé au moindre attentat terroriste, a fortiori au risque d'un attentat ravageur à la voiture piégée, considère-t-on à demi-mot au détour d'une phrase anodine. Ceci dit, “les accidents automobiles tuent aussi, bien plus ?” “Je peux bien vous dire tout ce que l'on fait, répond le colonel Megherbi, mais quoi que l'on fasse, ce sera insuffisant, parce qu'un mort, c'est un mort de trop. C'est un effort continu et il faudra bien, un jour, arriver à une véritable stratégie d'ensemble, qui n'existe pas encore. Des lois, des règlements, des gendarmes, des policiers, des contrôles, des contraventions, des retraits de permis, de la sensibilisation, tout cela n'est pas suffisant. Il faut une stratégie d'ensemble.” Sans aller dans l'optimisme, on voit bien que les statistiques d'accidents et de victimes se stabilisent, et même baissent légèrement, autour de 40 000 accidents annuels, en ordre de grandeur, en chiffres absolus en dehors de toute autre considération, avec les pics de 2003 (43 227 accidents, 63 699 blessés, et 4 343 morts) et 2004 (43 777 accidents, 64 000 blessés, et 4 356 morts) et 15 milliards de dinars en remboursement des assurances au profit de l'automobile en 2006 et quelque 20 milliards de dinars pour 2008, en hausse de 2 milliards par rapport à 2007. 3 268 morts par accidents à fin octobre 2009 soit plus de 10 morts par jour Cependant, rapportés au nombre de véhicules, ces accidents représentent en réalité une baisse relative importante sur plusieurs années, soit près de 14 accidents pour 1 000 véhicules en circulation en 2001, et si l'on recoupe les chiffres de la gendarmerie (10 premiers mois de 2008) et ceux de la police en 2008, la proportion tombe à 10 accidents pour 1 000 véhicules en circulation. Parce que, entre-temps, le parc véhicules est passé de 2,9 millions à 3,9 millions de véhicules. Un parc qui, selon les projections, devrait s'enrichir de 250 000 véhicules par an, un chiffre toutefois antérieur, à la fameuse taxe sur les véhicules neufs. Mais, contrairement à ce que l'on s'attendait, celle-ci ne semble pas avoir considérablement refroidi l'ardeur à l'achat de véhicules, même avec la suppression du crédit véhicules. Si l'on avait continué sur les lancées des hécatombes de 2001, il faudrait augmenter de 40%, les chiffres d'accidents, et de victimes blessées ou décédées pour se faire une idée des progrès accomplis entre 2009 et 2001. Difficile de conclure à une meilleure situation, mais les progrès sont incontestables, grâce au durcissement du code de la route, au contrôle technique automobile, à la multiplication des contrôles routiers des véhicules, au caractère obligatoire de la ceinture de sécurité, au caractère bien plus dissuasif des amendes et contraventions forfaitaires, et à une plus grande rigueur des gendarmes et policiers dans l'établissements des pv de contravention ou de retrait de permis. Les amendes forfaitaires dressées par la police sont passées à 1 514 154 en 2008, en hausse de 9,1% par rapport à 2007, chaque véhicule ayant été contrôlé en moyenne 1,27 fois au cours de cette année (4,95 millions de contrôles pour 3,9 millions de véhicules), en moyenne 1 véhicule mis en fourrière sur 1 000 en circulation, et 2 immobilisés pour 1 000 par les seuls services de police en 2008. De 1970 à 2009, en trente ans, l'on ne devrait pas être très loin de 1,17 million d'accidents de voiture, 135 000 morts, et 1,55 million de blessés.Cependant, contrairement à ce qui se dit, il ne s'agit pas de culpabiliser outre mesure les automobilistes algériens, les chiffres étant grossis par la taille du parc automobile algérien, le deuxième en Afrique après celui de l'Afrique du Sud. En pourcentage, les algériens sont loin des records d'hécatombe qu'on leur lance à la figure à chaque campagne de prévention routière. Mais il y a encore des progrès à accomplir, un réservoir de plus 90% au moins si l'on compare avec les chiffres en France, avec un parc 15 fois supérieur au nombre d'accidents. Par ailleurs, les statistiques de la police et de la gendarmerie sont assez détaillées pour l'instant, et gagneraient à être plus fines en intégrant, entre autres, l'âge moyen des véhicules accidentés, l'âge du conducteur, l'ancienneté de son permis ainsi que son rapport éventuel avec le propriétaire du véhicule. Tout cela est disponible en détail dans les Pv des assurances, de la police et de la gendarmerie et devrait être exploité dans une enquête par sondages, qui permettrait d'affiner les directions et les ciblages des campagnes de sécurité routière, et aux assurances d'affiner leurs tarifs au lieu d'établir des tarifs presque uniques, et de rembourser indifféremment les fautifs et les non fautifs, se limitant jusqu'ici à recueillir les primes d'assurances auto quasiment comme des taxes fiscales, avec un petit bénéfice au passage.