Dans la perspective du passage au professionnalisme, prévu à partir de la saison prochaine, la Fédération algérienne de football (FAF) a saisi l'ensemble des clubs des première et deuxième divisions pour qu'ils fassent des propositions sur la grille des salaires et des primes de match qui seront arrêtées après une large concertation entre les différents acteurs du football (FAF, LNF, clubs, joueurs, entraîneurs). Cette opération a été initiée afin de mettre un peu d'ordre dans le chapitre financier que les clubs traînent comme un boulet. La contribution des clubs sera d'un grand apport pour la fédération, qui compte trouver une solution définitive à ce problème financier, source de tracasseries qui se répercutent fatalement sur le fonctionnement des clubs. L'harmonisation des salaires et des primes de match des joueurs professionnels débouchera sur une situation tout à fait nouvelle, pour les clubs et surtout les joueurs, à savoir la suppression de la prime de signature qui, pour l'instant, échappe à tout contrôle des organes habilités à cet effet. A terme, il n'y aura plus de prime de signature. Cette dernière est à l'origine des nombreux différends clubs-joueurs. Des dizaines d'affaires, liées à cette situation, sont pendantes au niveau des tribunaux. Sans compter, bien sûr, celles liées au non-respect des engagements par des clubs vis-à-vis des joueurs et entraîneurs étrangers. Dans ces cas, la FIFA est systématiquement saisie par la partie lésée et c'est la FAF qui est toujours sommée de verser les amendes à la place des clubs (qu'elle va récupérer par la suite sur les indemnités TV qu'elle leur verse annuellement). Selon une source fédérale, « des dizaines de clubs sont traînés devant les tribunaux par des joueurs en raison du non-respect des clauses et engagements contenus dans les contrats. La prime de signature est toujours au centre des polémiques. Cela ne peut plus durer, d'autant plus que la FIFA est de plus en plus sollicitée par des joueurs. Cette situation est pénalisante pour le football algérien et son image de marque », souligne notre interlocuteur. La suppression de la prime de signature sera un premier pas vers l'instauration d'un nouvel ordre dont l'objectif principal demeure le passage au professionnalisme. La Fédération tunisienne de football (FTF) a adopté cette démarche dès qu'elle a décidé de franchir le pas vers le professionnalisme. Les dirigeants tunisiens ont longtemps planché sur le dossier, à l'époque où Khaled Nejjar était président de la FTF. L'actuel ambassadeur de Tunisie en France et ses plus proches collaborateurs ont initié un projet de refondation des statuts des clubs de football de première division. Après plusieurs réunions et séminaires avec les principaux dirigeants et acteurs du football, les dirigeants de la fédération ont découvert que le versement de la prime de signature (souvent non déclarée) était à l'origine de beaucoup de problèmes. Ils ont préconisé une solution toute simple : supprimer la prime de signature et offrir de bons salaires et primes de match déclarées. Sur la base de ces données contrôlables par les différents services des impôts, les joueurs versent régulièrement leurs cotisations aux caisses sociales auprès desquelles ils sont déclarés. En contrepartie, l'Etat tunisien a exonéré les clubs des taxes sur leurs activités pour une durée de 5 ans, renouvelée deux fois. La mise en place de ce système en Algérie sera confrontée à des résistances de la part de tous ceux qui trouvent leur compte dans cette formule. Les clubs algériens de première et deuxième divisions, qui possèdent des joueurs sous contrat et à qui ils versent des primes de signature parfois faramineuses et jamais déclarées, se plieront-ils à la nouvelle orientation de la fédération ? Celle-ci dispose-t-elle de tous les moyens de coercition pour obliger les clubs à observer les règles qui seront arrêtées avant le début de la saison prochaine ? De la réponse à cette interrogation dépendra en grande partie l'issue de ce « match » à 6 points entre la fédération et les clubs.