Le ras-le-bol des praticiens, ajouté à celui des enseignants, pourrait provoquer une grève générale au niveau de la santé et de l'éducation. «Praticiens en colère, praticiens en colère!», crient les médecins à gorge déployée. Ce cri traduit le ras-le-bol des praticiens. Hier, l'hôpital Mustapha-Pacha a vibré au rythme des slogans dénonçant l'absence du débat social dans le secteur de la santé publique. Ces slogans se sont répandus dans le ciel d'Alger. La colère des praticiens contrastait avec le temps printanier qu'il faisait. «A la fin de notre carrière, nous n'avons même pas droit à la considération qui sied à un praticien», regrette le Dr Rabahi, spécialiste en médecine du travail. De sa main droite, elle brandissait une pancarte sur laquelle on pouvait lire «Statut refusé». Il est 11h15. La marche des médecins a commencé depuis quelques minutes. Cette foi-ci, ils ont décidé de prendre la direction de la deuxième entrée Sud de l'hôpital. L'entrée principale est «étroitement» surveillée par les unités de la police antiémeute. Aussi, des voitures sont «soigneusement» stationnées à l'intérieur de l'enceinte, juste devant le grand portail. L'occupation de l'espace devient un enjeu important. Surtout quand il s'agit d'organiser un sit-in national. Pour cela, les praticiens ont décalé le lieu de la tenue de leur rassemblement. Ils sont venus des quatre coins du pays. Ainsi, ils ont répondu à l'appel de l'Intersyndicale de la santé constituée du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp) et du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp). «Quand les pouvoirs publics proposent un discours creux à des cadres de la santé et de tous les secteurs du travail, quand ils imposent des mesures oppressives à l'activité syndicale, cela veut dire qu'il y a danger sur la liberté d'expression», a dénoncé le Dr Bournane, chirurgien-dentiste. Sur un autre registre, l'Intersyndicale se réunit lundi. Cette réunion revêt une importance particulière. «Cette séance nous permettra de peaufiner deux propositions que nous allons soumettre à la Confédération des syndicats algériens (CSA). Il s'agit de la charte de bonne conduite et du règlement intérieur», a expliqué le Dr Lyès Merabet, président du Snpsp. Pour le moment, la CSA est constituée de quatre syndicats. Elle regroupe l'Intersyndicale de la santé et celle de l'éducation, constituée du Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire (Cnapest) et de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef). Les quatre syndicats mettent déjà les bouchées doubles pour obtenir l'agrément de la CSA. «Cela ne nous empêchera pas de mener des actions communes en parallèle», a indiqué le Dr Mérabet. Cela dit, la CSA, tiendra sa réunion, en principe, d'ici la fin de semaine en cours. Au menu, des actions communes d'envergure sont prévues. Toutefois, le Dr Merabet s'est interdit de divulguer la nature de ces propositions. «Je ne suis pas habilité à parler au nom de la CSA», a-t-il argumenté. Et si la CSA décrétait une grève générale dans les secteurs de la santé et de l'éducation? Cette éventualité a été confortée par la réponse du Dr Mohamed Yousfi, président de l'Unpssp. «Toutes les propositions seront à l'étude», a déclaré le Dr Yousfi. Ce dernier a, une nouvelle fois, épinglé les pouvoirs publics. Il leur a incombé la responsabilité du pourrissement dans lequel se morfond le secteur de la santé publique. «Nous avons accompli notre devoir en attirant l'attention des autorités et des différentes institutions et organisations nationales et internationales sur cette mise à mort qui ne dit pas son nom», a fulminé le représentant du Snpssp. Aussi, il a fait appel à la conscience des citoyens. Selon lui, ces derniers doivent défendre le secteur qui a pour vocation de les prendre en charge sur le plan sanitaire. A l'instar de leurs partenaires de l'éducation, les deux syndicats de la santé tiendront leurs conseils nationaux respectifs dans un délai n'excédant pas la fin de ce mois. Les médecins ne décolèrent pas. Le rassemblement d'hier en est la parfaite illustration.