Si la préoccupation apparente des parents et du personnel de l'éducation nationale demeure l'intérêt de l'enfant, sur le terrain cet intérêt est loin d'être concrétisé. Sans vouloir nuire au bien-être physique et moral de l'enfant, les attitudes de certains parents et de certains éducateurs œuvrent dans un sens contraire à cet intérêt. Dans son analyse, qui résulte de 32 ans d'expérience dans le secteur de l'éducation, Bachir Hakem, enseignant de mathématiques à la retraite, revient en détail sur les catégories de parents croisés durant son parcours professionnel. Il met en exergue les attitudes de ces parents qui, d'après lui, sont à l'origine des mauvaises conduites des élèves: «C'est dire que le comportement manifesté par l'enfant dans son entourage n'est que le reflet de l'éducation qu'il reçoit à la maison.» Et d'ajouter : «Le rôle des parents dans la scolarité de leur enfant est indispensable pour contribuer à sa réussite scolaire. La collaboration étroite et la responsabilité partagée entre l'école et la famille dans l'éducation des enfants est le gage de leur épanouissement et de leur réussite scolaire.» Dans son analyse rétrospective, Bachir Hakem dresse un tableau de différentes catégories de parents auxquels les enseignants font face. Cette analyse est bien appuyée par les différents témoignages des enseignants recueillis sur le terrain. Mais la tendance générale demeure celle des parents qui cautionnent tout ce que font leurs enfants, sans se soucier de ce que cela peut engendrer sur son développement comportemental. Il relate une anecdote : «Un parent qui, sous un prétexte futile, a appelé l'établissement et dit au téléphone qu'il allait venir casser la figure à un enseignant et à la fin de la conversation, était en pleurs en train de remercier l'enseignant de tout ce qu'il faisait pour son fils.» M. Hakem fait état des gros efforts de dialogue et d'écoute qu'il a dû déployer pour arriver à un terrain d'entente avec ce père de famille. L'ingérence des parents est constatée également dans l'activité pédagogique et surtout dans l'évaluation de leurs enfants, à l'instar de ce parent qui a exigé du chef d'établissement qu'un enseignant retire les zéros infligés à son fils pour tricherie. Cela bien que l'élève mis en cause ait reconnu sa faute et trouvait tout à fait normale la sanction prise. Notre interlocuteur trouve tous ces agissements des parents «regrettables». «Des enseignants au secours de parents désarmés» Certains parents, comme en témoignent de nombreux enseignants, osent critiquer l'établissement et le travail des enseignants devant leurs enfants. Cela ouvre la brèche pour ces enfants déjà très peu attentifs durant les cours, afin de rejeter en amont et en aval l'autorité de l'enseignant. A cette catégorie de parents offensifs, M. Hakem confronte celle qui demande de l'aide aux enseignants afin de trouver la méthode adéquate pour faire face à certaines attitudes de leurs enfants. «Vous avez des parents qui viennent prendre rendez-vous, parce qu'ils ne parviennent pas à éduquer leur enfant, car ce dernier s'enferme dans sa chambre à jouer à la console et l'on en vient à leur suggérer de débrancher la prise de courant», raconte notre interlocuteur. Soulignant que certains parents voient en l'enseignant «celui qui pourrait résoudre tous leurs problèmes et civiliser l'adolescent tapageur que leur progéniture est soudain devenue». Enfin, il y a des parents soucieux de la scolarité de leurs enfants. Ils viennent s'enquérir du niveau de leurs enfants, tout en respectant les efforts des enseignants. «Personnellement, j'en ai vu durant ma carrière. Certes, ils ne sont pas nombreux Mais, il y a toujours des gens qui veillent sur la scolarité de leurs enfants sans heurter la sensibilité de l'éducateur», témoigne un professeur d'arabe à la retraite, ayant enseigné dans différents établissements du cycle primaire dans la wilaya de Tizi Ouzou.