Il y a de plus en plus de départs en retraite anticipée dans le secteur de l'éducation, tous paliers confondus. Même s'il s'agit d'un droit, ces départs, qui se multiplient d'une manière phénoménale depuis des années, ont obligé la tutelle «à s'y opposer», selon Bachir Hakem, enseignant dans le secondaire à Oran et syndicaliste. «Le ministère se trouve dans l'obligation de s'opposer à tout départ anticipé, et même pour ceux ayant atteint l'âge de 60 ans. Il faut comprendre les raisons des départs. De peur de voir le secteur se vider de ses cadres, le ministère de l'Education nationale, au lieu de prendre les bonnes décisions pour stopper ce phénomène, oblige les enseignants à rester malgré leur incapacité à maîtriser les classes», analyse M. Hakem. Les statistiques du CLA montrent que 50% des enseignantes et 55% des enseignants auront atteint l'âge de 50 ans cette année. Ce qui veut dire qu'ils ouvrent droit à une retraite anticipée, explique encore le syndicaliste. D'ici 2020, plus de 35 000 enseignants, tous paliers confondus, partiront en retraite. En trois ans, 20 000 sont déjà partis. Selon l'analyse de notre source, au total il y a trois raisons pour ces départs. Premièrement, l'âge requis pour le départ, ce qui représente plus de 15% des cadres, c'est-à-dire plus de 10 500 professeurs uniquement pour le palier secondaire. Pour cette catégorie, c'est un départ maîtrisable par le ministère, selon le syndicaliste. Viennent ensuite les enseignants malades qui représentent plus de 3%, soit 2100 demandeurs de retraite anticipée pour seulement le palier secondaire. Autre raison évoquée dans l'analyse de Bachir Hakem, : les conditions dans lesquelles exercent ces enseignants, à savoir les classes surchargées, le manque d'adjoints d'éducation, de surveillants, de censeurs, mais aussi de proviseurs incapables de gérer les affaires à l'intérieur des établissements, le rôle administratif de l'enseignant au lieu du rôle pédagogique... Cette raison a poussé plus de 2% des enseignants à choisir le départ en retraite, ce qui représente 1400 enseignants. Enfin, la violence et l'indiscipline non-maîtrisées à l'intérieur des établissements scolaires avec, dans certains cas, la complicité de l'administration et des parents d'élèves. Là aussi, 2% des enseignants ont choisi le départ en retraite ! Statistiquement, ces calculs montrent que chaque année il y aura plus de 15 000 départs en retraite. «Dès qu'ils prennent leur retraite, la plupart des enseignants regrettent de ne pas l'avoir prise plus tôt, car ils peuvent compléter leur pension par des cours particuliers chez eux, loin des désagréments que leur causaient les élèves dans les établissements scolaires, l'administration et des inspecteurs. Il suffit aujourd'hui de prendre en charge six élèves pendant deux heures par semaine pour avoir le même salaire, sinon plus», explique-t-il. «Le ministère, conclut le syndicaliste dans son analyse de la situation, a choisi la mauvaise solution pour retenir les enseignants irremplaçables, car au lieu de leur offrir un bon statut, de veiller à leur santé en répertoriant les nouvelles maladies et de diminuer leur volume horaire suivant les années de service, a préféré les obliger à rester sans garantie de rendement.»