Les prix vertigineux des produits alimentaires n'ont pas laissé indifférent un groupe d'intellectuels et d'universitaires. Estimant qu'ils ont atteint des seuils intolérables, ils ont décidé de lancer l'initiative « journée sans achat » pour aujourd'hui, mercredi 7 avril, de 6h à 18h, afin de protester contre la cherté de la vie. Tout a commencé sur le réseau social facebook. Zoubir Fadhel, journaliste au quotidien El Khabar, a eu l'idée de créer un groupe où il appelle les adhérents à boycotter les marchés pour marquer leur désapprobation face à l'augmentation irrationnelle des prix. Le concept séduit de nombreux intellectuels et universitaires, qui optent pour un appel à une « journée sans achats ». Leur action, qu'ils veulent pacifique, vise à sensibiliser les citoyens pour qu'ils n'entrent pas dans le jeu des spéculateurs. Les initiateurs de cet appel ont constaté que 14 catégories de produits sont concernées par une hausse importante de leurs prix. « C'est une hausse injustifiée. Quand il s'agit de produits dont la valeur se décide sur les marchés boursiers, ça peut passer, mais on ne comprend pas pourquoi des produits locaux, souvent de première nécessité, sont aussi chers. Nous appelons les citoyens à ne pas acheter les produits dont les prix sont exagérément élevés », a souligné M. Fadhel. Celui-ci a animé une conférence à la maison de la presse Tahar Djaout, en plein air, la direction générale ayant refusé de lui accorder l'autorisation la occuper la salle de réunion. Cette journée de protestation, la première du genre en Algérie, dérange. M. Fadhel avait été arrêté par la police jeudi dernier à Ben Aknoun (Alger) alors qu'il collait une affiche. « Les pouvoirs publics doivent encourager ce type d'initiative. Au lieu de cela, nous sommes réprimés », a regretté le journaliste. « Pourtant, notre action n'a rien de politique. C'est un geste citoyen. Nous n'appelons pas le peuple à la désobéissance civile », a-t-il ironisé. Il a également déploré l'inertie de la cinquantaine d'associations de protection des consommateurs qui ne s'impliquent pas assez dans leur mission essentielle. « Certaines d'entre elles essayent de s'approprier cette initiative, alors qu'elles n'ont jamais tenté quoi que ce soit pour défendre les droits des consommateurs », a-t-il signifié. Le groupe a également lancé une pétition qu'il compte envoyer à la Présidence, au gouvernement ainsi qu'aux ministères de l'Agriculture et du Commerce. Il prévoit d'ores et déjà d'appeler à d'autres journées sans achat mais aussi à des initiatives pour contester d'autres pratiques dont sont victimes les consommateurs dans d'autres secteurs que le commerce. « Nous voulons inculquer une nouvelle culture aux citoyens pour qu'ils ne restent plus les bras croisés devant les dérapages qu'ils subissent », note M. Fadhel. Il a indiqué que les syndicats de la santé et de l'éducation ont contribué à la médiatisation de cette opération. La Fédération des associations de protection des consommateurs a, elle aussi, exprimé son soutien à cette démarche.