La lutte contre les drogues de synthèse passe inéluctablement par un « contrôle renforcé » des exploitants des précurseurs chimiques. Les experts présents au séminaire sur les précurseurs chimiques des drogues, qui a pris fin hier à Alger, le recommandent, considérant l'industrie comme la « première défense » contre l'utilisation de ces produits. Pour ce faire, ils invitent les organismes de lutte contre la drogue à coopérer avec les industriels de sorte à pouvoir identifier toute opération suspecte. L'utilisation de ces produits est tout à fait légale dans le secteur industriel, notamment dans le pharmaceutique, le cosmétique, l'alimentaire et le pétrole. L'apport des professionnels de l'industrie est capital pour distinguer le bon grain de l'ivraie. Outre les mécanismes de contrôle de la circulation de ces produits souvent utilisés, les experts proposent la création d'une procédure interne de surveillance de ces substances dans les entreprises en sensibilisant le personnel contre les effets pervers de ces drogues. « Le lien avec le trafic de stupéfiants sera plus facile à établir, si le personnel est informé de la sensibilité de ces produits », estime la Mission nationale française de contrôle des précurseurs chimiques. Abdelmalek Sayah, directeur de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT), avait assuré, mardi à l'ouverture du séminaire, que les précurseurs chimiques sont soumis au contrôle des services de sécurité jusqu'à leur entrée en laboratoire. Le laboratoire qui importe ces produits est contrôlé, à son tour, par les services de sécurité et les ministères de la Santé et de l'Industrie, ainsi que par le Bureau international de lutte contre la drogue et le crime. Pour contrer ce fléau, les pays du pourtour méditerranéen envisagent de créer un observatoire qui se chargera d'élaborer une politique et une stratégie communes. L'Algérie reste un pays de transit qui risque de devenir un pays consommateur et même producteur. La lutte contre les narcotrafiquants s'intensifie. De 2008 à 2009, les saisies de drogue ont augmenté de 95%. Les quantités qui franchissent nos frontières demeurent inconnues. Les services de sécurité, dont les gendarmes chargés de la surveillance de nos frontières, sont confrontés à « une nouvelle génération » de narcotrafiquants, équipés d'une artillerie militaire des plus sophistiquées. Ce qui rend leur tâche plus compliquée. Surtout dans un pays aussi vaste que l'Algérie et aux reliefs accidentés.