C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai lu le remarquable portrait que vous avez la louable idée de consacrer à Mohamed Nassou dans votre édition du jeudi 17 mars 2005. Nul doute que cela servira à tirer ce talentueux keeper du regrettable anonymat dans lequel il est confiné depuis qu'il a raccroché les crampons aux termes d'une carrière exemplaire à tous points de vue. Même si à mon avis celle-ci s'est achevée prématurément alors qu'elle pouvait encore lui valoir d'autres titres de gloire et un surcroît de prestige. Cela dit, le portrait que vous avez brossé de ce grand footballeur aux qualités humaines certaines est à la mesure de sa stature. J'aimerais cependant y apporter ma modeste contribution pour rétablir certains faits. Mon propos vise à rectifier les dires de Ferhat Khemissa relatifs aux circonstances dans lesquelles Mohamed Nassou fut remplacé par Mohamed Abrouk. Sa mémoire lui ayant manifestement fait défaut sur ce point précis, la version qu'il nous donne aujourd'hui ne correspond pas vraiment à la réalité. En vérité, Abrouk a été incorporé pour la première fois en équipe fanion au début de la saison 1964-1965, suite à une mésaventure vécue par Nassou lors du match MC Oran-CR Belcourt inaugurant le premier championnat de nationale une. Titulaire sans véritable concurrent à son poste, Nassou joua cette rencontre malgré une méchante blessure à l'index de la main droite, qu'il avait contracté quelques jours auparavant, lors d'un match amical de préparation contre le MC Alger, en détournant un véritable « boulet de canon » du regretté Zoubir Aouadj. Rétabli quelques semaines plus tard, Mohamed Nassou reprit le plus normalement du monde sa place dans les cages du Chabab avec le succès que l'on sait. Mais par la suite, il a dû passer la main à sa jeune doublure dont l'heure avait sonné. Sans faire oublier la classe insolente de son illustre aîné, Mohamed Abrouk marqua néanmoins de son incontestable maestria la brillante épopée du grand CRB des années 1960-1970. Je ne terminerais pas sans déplorer le fait que Nassou n'ait pas eu droit à un jubilé consacrant les immenses services qu'il rendit aussi bien au CRB, le club au palmarès duquel il contribua largement, qu'à l'équipe nationale où il succéda dignement à feu Abderahmane Boubekeur, autre figure de légende du football algérien de l'après-indépendance. Mohamed Malek (journaliste à la Chaîne III de la radio algérienne)