Née à Taghit, au sud de Batna, Zohra Aïssaoui, alias Dihya, arrive en France à l'âge de huit ans. Elle s'est mise à chanter sous les encouragements de la famille, avant de prendre des cours de chant et de guitare. A Paris, elle continue de chanter et à faire les ouvertures des grandes vedettes, notamment Georges Chelon, avant de travailler pour Sheila, ce qui lui ouvrait d'autres horizons. Vingt ans après, Zohra Aïssaoui connaît un franc succès et est agréablement surprise par l'accueil que lui a réservé l'Aurès après la sortie de son premier 45 tours, produit par Polydor. Jeune et idéaliste, elle découvre et assume son identité berbère et devient pour tous Dihia. Elle creuse une brèche dans cette muraille isolant l'Aurès du monde berbère. Le cri des Chaouis retentit. Dzayer assa, offert gratuitement à son public chaoui en 2008, est un véritable hymne à la liberté et à la démocratie. Dihya pleure et dit les malheurs de son pays (Duma, Duma), elle est en colère et nous parle de ce vent de folie qui s'acharne sur lui, fait de mort est de désolation (Anis a yu_in), de cette crue et de ces torrents de boue qui l'emportent (Dzayer assa). Le pays se vide, déserté par ses cadres (Afrux aziza). Ne peut-on donc pas arrêter l'hémorragie ? On peut ! Affirme-t-elle. Pour cela, il nous faut retrouver notre quiétude et notre sérénité perdue (Iwal). Iwal ! L'espoir ! Espoir qu'elle fait renaître avec toute cette jeunesse qui préfère se battre en faisant revivre les cavaliers numides, les cavaliers d'honneur (Imayen). Puis tout a coup, Dihya change de registre et nous surprend, nous étonne : son texte se fait plus dramatique alors que sa musique n'en est que plus légère, plus dansante, plus insouciante même (Drus). Elle fait tourner en dérision ce quotidien de désolation et de souffrance et nous dit son mépris de la puissance qu'apportent l'argent et le pouvoir (Setta Frank). Elle préfère se tourner vers les générations futures et leur tisser un héritage dont ils seront fiers. Elle ne cesse de nous rappeler que la liberté se mérite (Ekker d ! Eker d ! a yelli). Nous ne voulons plus revivre les années de guerre et de souffrance passées. L'artiste conclut en rendant hommage à un autre artiste qui osa, à une époque trouble, chanter les héros (Zerruqi).