Le DoE a fait état d'un recul surprise de 6,5 millions de barils des stocks de brut américains, avec en parallèle une forte progression de la cadence des raffineries à 93,6%, leur plus haut niveau depuis 11 mois, tandis que les stocks d'essence et de produits distillés ont progressé. D'abord alarmés par ce quatrième recul consécutif des réserves de brut, les investisseurs avaient ensuite relativisés ce chiffre à la lumière de la nette augmentation du rythme de fonctionnement des raffineries et de la hausse des stocks d'essence. Cela implique en effet de moindres tensions sur le marché de l'essence, qui jusqu'à présent poussait le prix du brut. Par ailleurs, en dépit de leur plongeon, "les stocks de brut restent supérieurs de 12% à la norme pour cette période de l'année", ont rappelé les analystes de la maison de courtage Sucden. Néanmoins, le marché continu de craindre une insuffisance de l'offre de pétrole brut pour répondre à une demande sans cesse croissante. L'Agence international de l'énergie qui semble impuissante devant la flambée du pétrole, n'a pas tardé à pointer du doigt, comme c'est le cas à chaque pic des cours, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. L'Opep est, selon l'AIE, coupable de ne pas produire plus. Dans une nouvelle tentative pour faire monter la pression sur le cartel, M. Claude Mandil, le directeur de l'AIE, a estimé que l'Opep devrait contrer la flambée des prix du pétrole en augmentant sa production. Selon lui, l'évolution des prix du pétrole dans les semaines à venir va "dépendre de la réaction des pays producteurs". "Nous avions prévu, et dit depuis plusieurs mois, que les stocks de brut paraissaient élevés en raison des travaux de maintenance dans les raffineries américaines", qui ralentissaient l'activité de raffinage et donc la demande de brut, a-t-il rappelé. "Maintenant que le rythme de production des raffineries redevient normal, ces stocks vont redescendre", a poursuivi M. Mandil. "Si cela continue, on va se retrouver au troisième trimestre avec des stocks très insuffisants", a-t-il prévenu. Or, l'Opep, face à cette poussée de l'or noir, juge que cette flambée est liée non pas à un manque de brut mais aux problèmes de raffinage aux Etats-unis, aux tensions géopolitiques et à la spéculation. L'organisation souligne également que les stocks américains de brut sont au plus haut depuis neuf ans et que ceux de l'OCDE sont supérieurs à leur moyenne des cinq dernières années. De fait, l'OPEP estime que fournir davantage de brut aujourd'hui reviendrait à empiler des barils dans les terminaux américains, qui croulent déjà sous un pétrole que les raffineries peinent à transformer. Selon elle, une augmentation de sa production serait par ailleurs sans effet sur les prix. Il y a dix jours toutefois le président de l'organisation, l'Emirati Mohammed Al-Hameli, s'est dit "préoccupé" par les prix actuels et le cartel s'est dit prêt à accroître si nécessaire sa production. Il s'agissait là de la première indication notable de l'Opep pour enrayer la hausse des prix. Toutefois, les principaux importateurs d'or noir - le cartel produit plus des deux tiers du brut mondial - ne s'avancent guère. Ils ne promettent pas de pomper plus de pétrole à court terme et encore moins "avant la fin de l'année".