Le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, n'a pas abdiqué devant la volonté du peuple, bien au contraire, il a réaffirmé le maintien de la date de la présidentielle. Pour les partis politiques et observateurs de la scène nationale, Abdelkader Bensalah est déconnecté de la réalité algérienne et a parlé sans aucune conviction. Pour le RCD, le nouveau chef de l'Etat est en déphasage totale avec les revendications de la rue. «Le peuple exige le départ du système et de tous les visages qu'incarne le système, Bensalah et Gaïd Salah inclus. La transition démocratique ne peut être aucunement initiée par le système en place et ne peut se réaliser qu'en dehors et contre ce fonctionnement clanique qui a ruiné le pays», fustige Yassine Aissiouane du RCD, pour qui l'urgence n'est pas l'élection présidentielle, mais le départ du système et la réappropriation de la décision. Pour Mazouz, du même parti, le discours de Bensalah «vole» trop bas. «Bensalah n'a rien entendu. L'acte doit être la seule expression politique», déplore cet élu. De son côté, le FFS répond à l'offre de dialogue lancée par Bensalah : un vrai dialogue, selon le premier secrétaire du FFS, Hakim Belahcel, ne peut pas et ne doit pas se faire avec ou à travers des personnages qui sont viscéralement et radicalement désavoués par la majorité du peuple algérien. «Ceux qui s'attendaient à voir et à entendre des décisions salutaires de la part de la nouvelle façade du système, se sont au final rendus à l'évidence de leur grande déroute. A travers son discours hebdomadaire de mardi dernier, le chef d'état-major de l'armée avait déjà mis en relief ce que devait être la lame de fond de la ‘‘dissertation de bonnes intensions'' lue ce dimanche par Abdelkader Bensalah», affirme Belahcel. Le FFS constate avec consternation que les décideurs actuels, qui sont exclusivement issus du cercle fermé de l'état-major de l'armée, au lieu de répondre au sursaut historique de la dignité du peuple algérien, sont radicalement résolus à exécuter et à imposer leur propre feuille de route. Bensalah n'a rien entendu Le parti de feu Aït Ahmed accuse le pouvoir militaire d'avoir opter pour la multiplication et la diversification des opérations judiciaires spectaculaires que de s'intéresser aux revendications pacifiques démocratiques et légitimes des millions d'Algériennes et d'Algériens. «Le clan dominant utilise vicieusement la révolte populaire enclenchée le 22 février comme prétexte pour laminer toute rivalité et toute défiance à l'installation d'un autre ordre établi. Celui qui aspire à instaurer une nouvelle dictature et un autre régime totalitaire», souligne le premier secrétaire du FFS. Pour les responsables de ce parti, le discours de Bensalah a réitéré la volonté et l'entêtement des décideurs à aller vers une élection présidentielle. Une élection par laquelle ils souhaitent sceller définitivement le destin de notre patrie et la livrer ainsi à un autre processus d'asservissement et de totalitarisme. Le FFS rappelle que cette élection présidentielle ne mobilisera que ses promoteurs et sa clientèle, car les attentes des revendications populaires démocratiques et légitimes, signifiées massivement depuis le 22 février dernier, ne peuvent nullement être prises en charge par l'organisation d'un autre simulacre électoral. Seule l'amorce d'un véritable processus démocratique de transition est à même de réunir les conditions d'un vrai consensus national. Par ailleurs, le Parti des travailleurs trouve que le discours du chef de l'Etat par intérim sonne comme une fin de non-recevoir aux aspirations de l'écrasante majorité qui veut se libérer du carcan du système décomposé et du régime présidentialiste autoritaire et antidémocratique et de sa Constitution dans laquelle les partisans du maintien du statu quo veulent l'enfermer telle une camisole de force. «Ainsi, Bensalah, sur un ton martial et contre l'avis de l'écrasante majorité, annonce le maintien de l'élection présidentielle du 4 juillet prochain, confisquant le droit du peuple de trancher sur la nature du régime et donc des institutions à mettre en place. Dans le même temps, la fermeture des espaces publics en marche traduit des velléités de bâillonner l'écrasante majorité», note le PT, persuadé que seule la poursuite de la mobilisation massive et unitaire est capable de stopper la contre-révolution en marche et d'imposer la victoire de la révolution du 22 février. C'est-à-dire, le départ de tout le système pour que s'exerce enfin la souveraineté du peuple qui se dote des institutions dont il définit lui-même la forme et le contenu.