L'effondrement d'un immeuble à la Basse Casbah d'Alger la fin du mois dernier a ravivé l'angoisse chez les habitants des immeubles vétustes du plateau Amimoune. Des expertises du CTC ont été établies depuis 2012 et ont marqué les immeubles au rouge (niveau de dommage 5), c'est-à-dire «construction dangereuse ou inutilisable, partiellement ou totalement détruite. Réhabilitation impossible». Les bâtisses en question, instables, constituent un danger imminent à la moindre catastrophe naturelle. Les habitants du plateau Amimoune vivent la peur dans le ventre. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Du côté de l'administration, la dernière réunion qu'a tenue le wali avec le bureau d'études chargé de la réalisation des VRD au niveau d'Ighzer Uzarif, dans la commune de Oued Ghir, renseigne sur la lenteur de la prise en charge de ces habitants auxquels on a promis la délocalisation vers de nouveaux logements. «Demain, si ces immeubles s'écroulent sur les têtes des habitants, chacun alors doit assumer ses responsabilités», dit un habitant. «Nous avons frappé à toutes les portes depuis 2012. Wali, maire et ministre. Des promesses ont été données, mais nous n'avons rien vu à ce jour», ajoute-t-il. Les façades des édifices ressemblent à des bâtiments soufflés par une explosion. Elles se dégradent de jour en jour et à vue d'œil sous l'effet de l'érosion. Les piliers sont dénudés, le revêtement et les murs craquelés et l'humidité fragilise davantage l'ossature. Les structures métalliques des piliers et des balcons sont apparentes et le béton se désagrège au vent. L'exiguïté des logements ajoute à la misère des occupants de ces appartements de l'époque coloniale, dont la superficie ne dépasse pas les 40 m² chacun. En novembre 2018, le wali a déclaré sous la pression de la rue et des médias que ces «habitants seront relogés dans les logements sociaux implantés dans la commune de Oued Ghir et qu'une enveloppe financière est attribuée par la wilaya afin de prendre en charge les travaux de viabilisation des cités». «De la poudre aux yeux», disent les résidents. Six mois plus tard, alors que les habitants attendent des réponses concrètes et des nouvelles sur un éventuel recasement ou délocalisation, l'administration tourne en rond. Fin avril 2019, soit juste après l'effondrement de l'immeuble de La Casbah d'Alger qui a fait 5 morts, la cellule de communication rend public un communiqué faisant état d'une rencontre entre le bureau d'études chargé de suivi des VRD d'Ighzer Uzarif et les responsables des directions concernées. Il décide que «des réunions périodiques vont être organisées désormais sur le terrain au niveau du pôle urbain d'Ighzer Uzarif», avec le bureau d'études chargé de la viabilisation du site. On en est donc au point de départ. «Il faut être très exigeant et opter pour des entreprises performantes afin d'achever rapidement ces travaux et livrer les 16 000 logements tous types confondus prévus au niveau de ce site», a insisté le wali lors de la même réunion, ce qui prouve que même les entreprises de réalisation ne sont pas encore retenues. De son côté, le maire, impuissant, déclare à la presse au sujet de la situation qui prévaut au plateau Amimoune qu' «au site Ighzer Uzarif, il existe des logements sociaux, mais la viabilisation n'est pas terminée. Les programmes de logement sont arrivés en retard pour la wilaya de Béjaïa». En décodé, aucun programme de logements n'est prêt pour accueillir les 560 familles, selon le chiffre avancé par l'administration. Pour rappel, les bâtiments du plateau d'Amimoune ont été construits dans le cadre d'un programme colonial de recasement en 1958. Vu l'état de leur délabrement, les habitants ne veulent plus entendre parler de «restauration» de ces bâtiments, ni «de recasement». Ils revendiquent «la délocalisation des familles vers des logements décents pour écarter le danger».