Les autorités iraniennes ont fait savoir hier qu'elles allaient cesser d'appliquer «certains de leurs engagements» pris dans le cadre de l'accord international sur son programme nucléaire de 2015, en réponse à la dénonciation unilatérale de ce pacte il y a un an par Washington. Le Conseil suprême de la sécurité nationale (CSSN) a indiqué, dans un communiqué diffusé par l'agence de presse officielle Irna, que l'Iran va cesser de limiter ses réserves d'eau lourde et d'uranium enrichi, revenant sur l'engagement qu'il avait pris dans l'accord conclu à Vienne en 2015 limitant drastiquement son programme nucléaire. La décision a été notifiée officiellement en début de matinée, à Téhéran, aux ambassadeurs des pays encore parties à cet accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie). Validé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 a permis à Téhéran d'obtenir la levée d'une partie des sanctions internationales visant le pays. En échange, l'Iran a accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire et s'est engagé à ne jamais chercher à se doter de l'arme atomique. Mais les Etats-Unis se sont retirés du texte il y a exactement un an. Washington a rétabli des sanctions contre Téhéran, affectant lourdement l'économie du pays et les relations commerciales entre l'Iran et les autres Etats parties à l'accord. Les Européens, la Chine et la Russie ont maintenu leur engagement, mais se sont montrés jusque-là incapables de respecter leur promesse de permettre à l'Iran de bénéficier des avantages économiques qu'il escomptait de l'accord en contournant les sanctions américaines. Mesures réversibles Mardi, le Conseil suprême de la sécurité nationale a donné «60 jours» à ces pays pour «rendre opérationnels leurs engagements, en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire». L'Union européenne a en particulier tenté, mais en vain, de mettre en place un mécanisme pour permettre à l'Iran de continuer à commercer avec ses entreprises. «Si à l'issue de cette date butoir lesdits pays ne sont pas capables de répondre aux exigences de l'Iran», Téhéran cessera alors d'observer les restrictions qu'il s'impose «sur le degré d'enrichissement de l'uranium» ainsi que sur les «mesures relatives à la modernisation du réacteur à eau lourde d'Arak». Le Conseil ajoute que les mesures annoncées mardi sont réversibles «à tout moment», si les exigences de l'Iran «sont prises en compte». En cas contraire, ajoute-t-il, «la République islamique d'Iran cessera progressivement ses autres engagements». «La fenêtre qui est ouverte actuellement pour la diplomatie ne le restera pas longtemps, et la responsabilité de l'échec de l'accord nucléaire et ses conséquences probables incomberont entièrement aux Etats-Unis» et aux autres parties à l'accord, ajoute Téhéran. A noter que l'annonce de Téhéran intervient dans un climat de tensions exacerbées entre l'Iran et les Etats-Unis, qui ont annoncé mardi l'envoi de bombardiers B-52 dans le Golfe. Washington a fait de l'Iran son ennemi n°1 au Moyen-Orient. Le secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, en visite surprise à Baghdad mardi, a accusé Téhéran de préparer des «attaques imminentes» contre les forces américaines.