A Bouira, les manifestations pour le 13e vendredi consécutif de mobilisation ont montré que le mouvement ne s'essouffle pas en dépit des tentatives de manipulation visant la division et la déstabilisation d'une immense insurrection populaire pacifique. Les contestataires restent déterminés à obtenir satisfaction de leurs revendications prioritaires, à savoir le départ des figures restant du régime et surtout la mise en place de mécanismes de transition. Hier, et comme il fallait s'y attendre, les mots d'ordre contre le premier militaire du pays, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, étaient plus violents que jamais. Une avalanche de messages à l'adresse du militaire ont été écrits sur de nombreuses pancartes et banderoles portées par les manifestants, qui encore une fois, ont fait le déplacement depuis les villages et communes de la wilaya en marchant pour une seule cause. «Il faut arrêter la machine à perdre. Stop. C'est absurde de parler d'élection alors que le corps électoral est dans la rue, et vous ordonne de dégagez. Dégage Gaïd. Marches toutes les semaines pour les mettre en quarantaine. Non à l'Etat militaire. Non aux élections. Oui à une transition, oui aux articles 7 et 8. Le peuple veut une transition sans les responsables de l'armée. Gaïd Salah, l'Algérie n'est pas l'Egypte, donc dégage. Qui a fraudé les 4 mandats… !» En plus de ses slogans, un message fort, porté sur une pancarte brandie par l'infatigable militant et ex-animateur du mouvement culturel berbère, le professeur Mhand Amarouche, où on pouvait lire : «Mon général G. Salah, votre entêtement renforce notre détermination. L'Algérie ne sera jamais une caserne. Elle sera sociale et démocratique. Mon général, arrêtez de prendre en otage le peuple et son armée, l'ANP. Basta, partez SVP !» La foule a scandé, par ailleurs, des slogans à l'adresse du vice-ministre de la Défense nationale, de facto l'homme fort du pays, «République pas une caserne. Gaïd Salah dégage. L'armée est notre armée et Gaïd nous a trahis». Malgré un pic de chaleur, des dizaines de milliers de citoyens ont marché hier à Bouira. «Nous marchons pour notre Algérie», nous dit avec fierté une manifestante âgée, qui se protège du soleil à l'ombre de l'emblème national. A l'arrivée de la foule à proximité du siège local du Rassemblement national démocratique, des manifestants ont effacé le sigle du parti, tout en scandant «RND à la poubelle». Hormis l'équipe de la Télévision nationale, qui a été chassée et interdite par la foule de filmer, la manifestation s'est déroulée dans le calme et aucun incident n'a été signalé, a-t-on constaté. Par ailleurs, et contrairement aux vendredis passés, où des unités de la Gendarmerie nationale ont été déployées en force le long du tronçon autoroutier, paralysant ainsi la circulation routière, hier, des témoins ont affirmé que la circulation était fluide, notamment à Lakhdaria et près des tunnels de Bouzegza.
