L'ONU n'a nul besoin de décrire le statu quo, elle l'applique en ce qui concerne la question du Sahara occidental. Elle l'a d'ailleurs si bien fait avec d'autres missions que celles-ci ont été perdues de vue, bien qu'elles soient déployées sur certains terrains depuis longtemps, même très longtemps. Et le vote qui a eu lieu vendredi apparaissait déjà comme une simple formalité au regard du rapport adressé au Conseil de sécurité par le secrétaire général de l'ONU et de ses éléments constitutifs. Il s'agit bien entendu de cette fameuse symétrie que l'on a pu ainsi relever, ce qui est tout simplement incompatible avec l'esprit même de la résolution de 2007 appelant le Maroc et le Front Polisario à ouvrir des « négociations directes sans condition préalable en vue de l'autodétermination du peuple sahraoui ». Du moment, effectivement, qu'il est déclaré que la question sahraouie relève de la décolonisation, il était attendu de l'ONU qu'elle joue pleinement son rôle et celui-ci consiste à mettre fin à l'occupation marocaine en recourant à tous les moyens. Ce dont elle n'est pas dépourvue. Et la puissance occupante, considérée comme telle par tous les documents de l'ONU, ne devrait avoir d'autre possibilité que de se soumettre à cette évidence. Ce que le Maroc n'a pas fait, perpétuant un conflit et empêchant l'ONU d'achever la décolonisation de la planète. Et même de veiller au respect des droits de l'homme, puisque l'organisation internationale est vivement interpellée sur cette question. Ainsi donc, la Minurso, cette fameuse mission chargée de l'organisation du référendum, continuera à observer le respect du cessez-le-feu, sans pouvoir au moins être un témoin de l'état des droits de l'homme, et tout laisse croire qu'avec la poursuite de la résistance des populations sahraouies, celle-ci va se dégrader. L'ONU a dit non, mais pour la vérité, on dira que l'organisation internationale aura bon dos avec tout ce qui se fait en son nom, même d'aller vers des évidences comme le respect des droits de l'homme rendu ainsi sélectif, et d'appliquer sa doctrine, décidément au cas par cas ou à la carte. Beaucoup de choses sont commises en son nom, comme le maintien de l'arbitraire, ou de décréter des guerres que l'on sait injustes. Le Front Polisario est donc dans son droit de dénoncer « l'échec du Conseil de sécurité à défendre et protéger les droits de l'homme au Sahara occidental ». Il faut en tirer les conséquences.