A défaut de réguler le marché interne du ciment, livré carrément aux spéculateurs et aux trafiquants, l'Etat semble n'avoir recours qu'à l'importation afin de « juguler la tension qui caractérise le marché ». Effectivement, après une première opération qui a vu l'injection d'un million de tonnes de ciment sur le marché, le Groupe industriel des ciments d'Algérie (Gica) a lancé une seconde action d'importation de 1,5 million de tonnes de ce produit. Le PDG de ce groupe, Mokhtar Aïbèche, a expliqué à l'APS que l'objectif de cette nouvelle opération d'importation est de « contribuer à contenir la forte demande sur le ciment et juguler la tension qui caractérise le marché de ce produit ». Face aux scandales liés au trafic de ciment ayant éclaté ça et là, dont certains impliquant même des étrangers, les autorités en charge de la régulation se sont mises à jouer le rôle de simples observateurs du marché. Ces instances ont fini par opter pour une solution de facilité qui consiste à s'investir une fois de plus dans l'importation. Les appels d'offres sont d'ores et déjà lancés et les offres de soumissionnaires sont en cours de traitement au niveau des commissions de traitement des offres, a indiqué le PDG du groupe Gica. La première opération d'importation d'un million de tonnes de ciment n'a pas fait sortir le marché de l'engrenage spéculatif dans lequel il s'est enlisé depuis maintenant plusieurs mois. C'est comme siffler dans un violon. Effleurant justement cette question, M. Aïbèche a tenu à préciser que jusqu'au 25 avril dernier, les quantités totales de ciment importées, distribuées exclusivement au profit des entreprises publiques de réalisation, avaient atteint les 310 000 tonnes, soit 31%. Les opérateurs privés du BTPH, eux, doivent attendre environ 105 ans pour pouvoir s'approvisionner ainsi. S'agissant de la production nationale, les cimenteries publiques devraient enregistrer en 2010 une augmentation de leur production de l'ordre de 500 000 tonnes pour être portée à 12 millions de tonnes, rappelle-t-on. A moyen terme, le groupe Gica, créé sur les cendres de la SGP-Gica, prévoit d'augmenter la production de 6 millions de tonnes sur les trois cimenteries concernées par un programme d'extension. Il s'agit de l'usine de Aïn El Kebira, la cimenterie de Chlef et celle de Beni Saf. Ce programme d'extension, en cours de confection, se traduira, de l'avis des responsables du groupe Gica, par une production supplémentaire globale de 6 millions de tonnes de ciment, soit 2 millions de tonnes de plus pour chacune de ces trois cimenteries. Le Gica, qui gère désormais les cimenteries publiques, sera doté d'un programme d'investissement de 180 milliards de dinars. Cet apport financier devra lui permettre d'atteindre une capacité de production de 20 millions de tonnes/an de ciment et de 7 millions de tonnes de granulats dans les trois prochaines années. Outre les ciments et le granulat, l'activité de cette société devrait s'orienter également vers la production de béton prêt à l'emploi et les plaques au plâtre, si l'on tient compte des projections des pouvoirs publics.