Kbouda est une localité sur la RN44, l'artère vitale de la wilaya d'El Tarf. Elle est réputée pour la qualité de son eau et de ses produits agricoles cultivés sans pesticide et sans engrais, bio comme on aime à le dire par ici. Les habitants de cette petite agglomération de 350 personnes ne sont pas contents de la réouverture, à proximité de leurs maisons, d'une carrière fermée avant la guerre de Libération quand il n'y avait que deux gourbis sur les lieux. Ils l'ont fait savoir à qui de droit, mais ils ont été amenés à barrer le passage aux engins du concessionnaire qui a obtenu les permis d'exploitation pour plusieurs sites d'extraction d'agrégats dans ce secteur de la wilaya. Les riverains craignent pour leur santé mais aussi pour leurs vergers menacés d'asphyxie par les poussières. Pour calmer les esprits, les autorités locales ont contourné le problème : ils ont tout simplement déplacé la carrière de quelques dizaines de mètres pour qu'elle ne soit plus visible, et pour y accéder on a ouvert une piste qui évite le village. « Cela ne supprime pas pour autant les nuisances et les dangers de la proximité de cette exploitation », nous disent des habitants qui s'interrogent sur « l'utilité de ces études d'impact dont on parle tant ». Ils sont déterminés à tout entreprendre pour ne pas être contraints de quitter leurs terres, « ce que même les terroristes n'a pas pu faire », tiennent-ils à préciser. La wilaya d'El Tarf semble être devenue une région privilégiée du ministère de l'Energie et des Mines. Le sable dunaire, les argiles et surtout les grès de Numidie qui affleurent ici plus qu'ailleurs dans le Maghreb sont des gîtes potentiels. On parle de plusieurs dizaines de sites d'extraction en perspective. Mais, entre destination touristique ou industrielle, il faut faire les bons choix dès aujourd'hui pour ne pas avoir à obturer les perspectives d'avenir.