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Les universitaires de Constantine rendent hommage à Fekhar et Ghermoul : «Il n'y aura pas d'Algérie libre, sauf si la justice décide de se libérer un jour !»
Plusieurs centaines d'étudiants et enseignants ont marché hier côte à côte, depuis l'université des Frères Mentouri jusqu'au centre-ville de Constantine. La détermination n'a pas fléchi, malgré la chaleur et les effets du jeûne. En plus des slogans du hirak, les manifestants ont scandé hier «Le peuple veut la peine capitale pour Saïd !» et «Pouvoir assassin !» La marche de ce 14e mardi à Constantine a été marquée par le décès du militant de la démocratie, Kamel Eddine Fekhar. Pour la première fois, les étudiants et leurs enseignants se sont dirigés hier vers le siège de la cour de justice, devant lequel ils ont observé un sit-in et une minute de silence à la mémoire du militant. Ce dernier, en détention provisoire depuis le 1er mars, est décédé hier matin à l'hôpital de Blida, après avoir entamé une grève de la faim depuis 50 jours. Emus, les étudiants ont réclamé l'indépendance de la justice et réclamé que cessent les arrestations des militants politiques, appelant les magistrats à se libérer et à ouvrir les dossiers de la corruption. «Le but de notre sit-in devant la cour de justice est de dénoncer ce pouvoir responsable de la mort de Kamel Eddine Fekhar, en grève de la faim depuis plus de 40 jours», a fulminé Wael Aloui, un des étudiants. Et d'ajouter sur les circonstances «douteuses» de la mort de Fekhar : «Nous ne pouvons pas avancer s'il a été assassiné ou non par ce pouvoir. Mais nous pouvons vous confirmer que les autorités impliquées dans sa détention ont une grande responsabilité dans sa mort. Le pouvoir aurait pu intervenir lorsque son état de santé s'était dégradé. C'est un militant politique !» Les étudiants ont réclamé aussi la libération du militant des droits de l'homme Hadj Ghermoul, écroué depuis janvier dernier et condamné à 6 mois de prison en février écoulé pour outrage à corps constitué. «Il a été arrêté parce que c'est le premier qui s'est opposé au cinquième mandat. Libérez Gharmoul !», ont lancé certains étudiants. En reprenant leur marche vers le boulevard Belouizdad, les étudiants ont tenu un deuxième sit-in devant le siège du pôle administratif de la justice, sis au boulevard Boudjeriou. Ils ont scandé : «Il n'y aura pas d'Algérie libre et démocratique, sauf si la justice décide de se libérer un jour !» Par ailleurs, des étudiants ont fustigé la militante FLN Ibtissem Hamlaoui pour ses déclarations sur l'EPTV, traitant les étudiants d'«inconscients». Ces déclarations ont été qualifiées d'agression contre le mouvement populaire, mené depuis le 22 février pour un changement radical et une Algérie libre et démocratique. «Les étudiants et tout le peuple algérien sont de plus en plus conscients et savent ce qu'ils doivent faire aujourd'hui pour libérer l'Algérie et la nettoyer des corrompus. En osant s'attaquer à la volonté d'un peuple désespéré, je pense que plus ignorant que cette femme n'existe pas. Mme Hamlaoui, qui n'est autre que l'un des symboles du pouvoir, confirme qu'elle devrait partir avec le reste. Sous d'autres cieux, ce genre de personne ne trouve pas de place», martèle Abdelmounim Bekhouche, étudiant en Master 2 en sciences génétiques, à l'université Constantine 1.